Placée au carrefour des différentes régions de Wallonie, cette langue de terre constitue un témoin privilégié de par sa position et sa longue histoire. C'est dans ce contexte, à la fois stratégique et symbolique, qu'est installé l'actuel Parlement wallon. O. Collette
C'est durant l'occupation romaine que le site du "Grognon" est occupé de manière plus structurée : situé au carrefour des grandes voies fluviales et terrestres, une activité d'artisanat et de commerce y prospère. Durant le haut Moyen Âge, à l'instar de ses comparses de Dinant et de Huy, Namur et son port du "Grognon" participent activement à l'économie mosane, les berges de Meuse étant progressivement renforcées d'une structure en bois. Autour de l'an 1000, une première enceinte fortifiée en moellons est édifiée tandis que le comte de Namur s'installe sur l'éperon rocheux. Dans le même temps, l'embryon de la ville de Namur commence à prendre forme au sein du "Grognon" proprement dit, ainsi que sur la rive gauche de la Sambre. À la faveur d'une longue période de croissance, peu avant 1270, un hôpital s'y installe même (l'hôpital Notre-Dame dont les bâtiments visibles actuellement datent surtout des XVII-XVIIIe siècles - ceux-là mêmes qui ont été transformés en Parlement wallon à la fin du XXe siècle).
Durant tout le bas Moyen-Âge et l'époque moderne, l'activité portuaire se maintiendra autour du "Grognon". Au cours du XIXe siècle, la hausse démographique considérable forcera les autorités communales à étendre la ville vers ses faubourgs (Jambes, Salzinnes, Herbatte, Bomel) et à délaisser les antiques quartiers du "Grognon" qui verront petit à petit s'installer des groupes sociaux plutôt populaires. La dégradation progressive de l'habitat et les nouvelles politiques urbanistiques liées au triomphe de la voiture amèneront les décideurs politiques à ordonner la démolition totale des plus vieux quartiers de Namur (1968-1973).
Devenu "morne plaine" depuis cette époque, le "Grognon" attend désespérément les aménagements dignes de son prestigieux passé.
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Bibliographie sommaire : E. BODART, Th. CORTEMBOS et J. PLUMIER, Le Saint-Gilles à Namur. De l'hôpital au Parlement wallon, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2011, p. 6-15 (Carnets du Patrimoine, n° 83) ; V. BRUCH, Namur. Le Grognon. 1930-1972, Namur, Éditions Studio Real Print, (2011 ?) (Archives photographiques namuroises, VI) ; B. LALOUX et Cl. LAVERDURE (dir.), 150 ans d'avatars de la province de Namur, Namur, Wesmael-Charlier, 1981.
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Comme le prétend une certaine croyance populaire, le terme de "Grognon" ne désignerait pas le caractère grincheux, voire le mauvais caractère des habitants du quartier de jadis. L'appellation viendrait de la morphologie des lieux. La Sambre et Meuse s'étreignant ici ont petit à petit façonné les berges d'un confluent ressemblant étrangement à un... groin de cochon. Un relief issu de l'ancienne muraille de la porte du "Grognon" était d'ailleurs ancré dans un des murs de soutènement du pont de France. Enlevé en décembre 2016 pour cause de fouilles, il repose temporairement au Musée archéologique et devrait être remis en place une fois les travaux du Grognon terminés... (?)
En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pouvez suivre l'état d'avancement des fouilles archéologiques en cours :
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