Description
« Entreprise à la fin du XIIème siècle, sa construction sera considérablement retardée du fait des difficultés techniques, du manque de moyens financiers et des guerres successives qui frappent la contrée. Bien que son chœur soit consacré dès 1257 par Saint Louis en personne, plus de trois cents ans seront nécessaires pour bâtir la collégiale de Saint-Quentin. L’étalement du chantier sur une aussi longue période présente toutefois un avantage pour les historiens : l’édifice permet en effet d’admirer l’intégralité des évolutions de l’art gothique du XIIème au XVème siècle !
La construction de sa tour-porche remonte ainsi au XIIème siècle ; elle constituait le portail de l’église romane en place à l’origine. L’édification d’une nouvelle façade fut bien envisagée par les chanoines saint-quentinois, qui en posèrent la première pierre en 1509. Mais, faute de moyens, elle ne vit jamais le jour ! La collégiale se caractérise en outre par son
double transept, qui constitue une disposition unique pour le style gothique français, même si on la retrouve en Angleterre, en particulier à Canterbury. Les cinq chapelles, de style gothique rayonnant, offrent une extraordinaire distribution de la lumière. Le gigantesque déambulatoire permettait, quant à lui, d’accueillir de multiples processions de pèlerins. Des pèlerins qui parcouraient à genoux le
labyrinthe central dallé de marbre noir et blanc, assemblé en 1495 et demeuré intact depuis lors. Représentant le chemin tortueux qui conduit le fidèle au salut, ce parcours initiatique fait 260 m, ce qui représenterait la distance parcourue par le Christ du Prétoire jusqu’à Golgotha.
Mais ce qui frappe l’œil d’emblée, ce sont les dimensions prodigieuses de l’édifice : avec ses 120 m de long, ses 36 m de large et ses 34 m sous voûte, la collégiale de Saint-Quentin constitue un merveilleux mastodonte de pierre. Durant ses huit siècles d’existence, elle subira bien des tourments, à la mesure des souffrances endurées par le martyr auquel elle est consacrée. La foudre s’abat sur sa flèche centrale en 1545, le siège espagnol de 1557 ébranle ses voûtes, un incendie détruit sa toiture, son clocher et ses orgues en 1669, les révolutionnaires de 1789 brisent ses sculptures, les obus de 1871 meurtrissent l’ensemble de l’édifice, ceux de 1918 manquent de l’abattre... Mais au fil des siècles, la collégiale de Saint-Quentin – qui sera élevée au rang de basilique en 1876 – fait l’objet de savants travaux de restauration et de sauvegarde. Et si elle a perdu une partie de son décor d’origine, certains de ses trésors sont toujours visibles aujourd’hui : les
reliques de Saint Quentin, bien entendu, mais aussi des vitraux du XIIIème siècle illustrant la vie de la Vierge, un buffet d’orgues baroque offert par Louis XIV, ou encore une sculpture polychrome figurant l’arbre de Jessé. Visitée par 45000 touristes par an, la basilique de Saint-Quentin reste aujourd’hui l’attraction majeure de la ville. »
Extrait de « Saint-Quentin : hier, aujourd’hui, demain » par Pascal Mateo