Description
« La place de l’Hôtel-de-Ville est un
carré d’environ 100 m de côté, à peu près orienté selon les points cardinaux. Son emplacement a été déterminé « naturellement » par les nécessités du commerce : celui-ci s’est fortement développé au XIIème siècle, et l’activité a débordé les remparts qui ceignaient le noyau urbain initial, autour de la collégiale, pour investir ce lieu. Il existait dès le XIIIème siècle, à peu près au centre de la façade nord de la place, un édifice nommé « maison de la Paix ». C’est sur son emplacement qu’a été construit, en 1509, l’hôtel de ville actuel. Les maisons sont alignées de part et d’autre : elles sont assez régulières, suivant une ordonnance de Louis XV prescrivant une servitude de hauteur, à peu près respectée jusqu’à la Grande Guerre. Ensuite, on parle d’éclectisme de la reconstruction, selon que les maisons ont conservé un style traditionnel ou ont adopté celui de l’Art Déco.
Sur le côté nord,
l’hôtel de ville est orienté au midi : c’est la meilleure exposition, qui met en valeur sa
façade gothique flamboyante. Louis Guinez, architecte de la Ville, chargé dès 1919 de la « reconstitution », l’a fait encadrer de deux ailes en retrait, dans un style qui rappelle le XVIIIème siècle.
Le côté est, exposé au soleil de l’après-midi, était sous l’Ancien Régime celui des marchands, des drapiers. Les quatre premiers immeubles – dont
la maison des Corporations, avec des bas-reliefs évoquant les métiers anciens, et notamment la filature et le tissage – sont typiquement
Art Déco : lourdeur des éléments, lignes verticales dominantes, association du béton armé et de la brique, frontons massifs et ateliers, décoration en ciment sculpté et fer forgé. Les vastes lumières et les bow-windows reçoivent la lumière à flots. La brasserie de l’Univers, établie depuis 1897, rappelle le baroque des maisons flamandes. Au-delà, le style du XIXème siècle l’emporte : maisons plus étroites et moins hautes, fenêtres petites et bien alignées, toits d’ardoise mansardés.
Le côté sud a conservé à peu près totalement cette apparence « XIXème siècle » ; cependant l’ancien café occupé aujourd’hui par le Crédit Agricole a été entièrement traité dans le « Modern Style » des années 1900 d’où la ligne droite est exclue, avec ses fenêtres ondulantes, ses bandeaux dorés et ses frises végétales.
Le dernier côté, le côté ouest, est moins achalandé. On y voit de grands immeubles et des banques, et surtout
le théâtre, de style néo-classique. A sa gauche, un ancien grand magasin d’habillement ; à sa droite, l’établissement du Crédit Lyonnais datant de 1891, dont la grande salle s’orne d’une superbe charpente métallique.
Une petite maison est surmontée d’une lyre : c’est celle du carillonneur, naturellement toute proche du carillon.
La place de l’Hôtel-de-Ville a été illustrée par des constructions marquantes pour la ville. Sur la place même, au sud de l’espace et orientée à l’est, se trouvait
l’église Saint-Jacques, étape sur la route de Compostelle.
Le Vieux-Puits, qui figure sur tant de gravures, a été creusé en 1715 ou 1719 ; sa margelle est de 1724, son élégante cage en ferronnerie de 1729. On l’a déplacé en 1893 et transporté sur la place du Marché (actuelle place Gaspard-de-Coligny). En 1966, le voilà à l’ombre de la basilique, square Winston-Churchill. Il fait son retour en 2009 dans le cadre de la rénovation du centre-ville, parmi les parterres de fleurs, dans l’angle sud-ouest de la place. »
Extrait de « Saint-Quentin le guide » aux éditions du patrimoine
Ne souhaitant pas éterniser cette description, je terminerai simplement en vous conseillant de prendre quelques minutes pour admirer l’hôtel de ville, son architecture remarquable constituée de 3 pignons et de 7 arcades, ses nombreuses sculptures représentant des personnages importants ou des scènes de vie (saurez-vous trouver « le couillu », « l’adolescente qui se chatouille » ou encore « la petite putain » qui a donné son nom à la rue du petit butin ?), la barrière métallique portant des encoches pour la mesure de l’aune, et enfin idéalement, à l’intérieur, la salle des mariages (et son imposante cheminée) ainsi que la salle du conseil (superbe dans son style Art Déco).
Je peux également vous recommander de vous poser en terrasse pour écouter les chants du carillon de l’hôtel de ville, mais aussi de (re)venir sur cette place l’été pour y découvrir la plage ou l’hiver pour flâner dans le village de Noël...