Le paon et le palais
Un jeune paon, imbu de son plumage
Fut pris dès son plus jeune âge
En mains par une vieille pie
Qui laissa son vieux coq marri.
Lors, notre jeune volatile
Qui se trouvait fort volubile
Ne fût plus satisfait de son habitat
Et se rêva en costume d’apparat.
Pourquoi, se disait-il, se contenter
D’un simple poulailler, fût-il doré,
Alors que, sans travailler,
Je puis demeurer au palais.
Il me suffit, si mes calculs sont bons,
De prendre mes congénères pour des pigeons
Et, pour les prochaines élections,
De bien jouer les troublions.
Ainsi fût fait, et contre toute attente,
Il prît la place laissée vacante
Par tous les vieux coqs déplumés
Dont tout le monde s’était lassé
Pour constituer sa basse-cour
Il fit appel à des vautours
Aptes à tondre la laine,
A amasser toutes les graines.
Ses anciens congénères
Qu’il jugeait fort vulgaires
Virent enfin, mais un peu tard,
Qu’on les prenait pour des bâtards.
Fort de son plébiscite aux élections
Nôtre dieu-paon, tel pygmalion,
Favorisa un jeune sardouk
Dont il se servait comme bouc.
Grisé par ses nouvelles prérogatives,
Celui-ci, de manière fort hâtive,
Se crût par son maitre autorisé
De jeunes oisons brutaliser.
Las, malgré la volonté manifeste
De celer ces faits funestes,
L’histoire vînt à transpirer
Hors des murs du palais.
Devant ce gros scandale,
Notre apprenti sardanapale
Dût rétropédaler
A son grand regret.
Moralité :
Même les rois de l’enfumage,
Ceux mêmes qui se voulaient rois mages,
Tombent un jour de leur piedestal
Et devront quitter leur habit royal.
je vous fait partager cette fable ; non ce n'est pas Lafontaine l'auteur mais un inconnu .