
La Laiterie CoopĂ©rative des Cultivateurs de Saint-Michel-en-lâHerm et ses Environs, fondĂ©e le 6 juin 1892 sans le moindre apport de capital, Ă©tait une sociĂ©tĂ© civile particuliĂšre, rĂ©gie par lâarticle 1832 du code civil. Elle Ă©tait situĂ©e en plein cĆur du marais VendĂ©en. Ses fondateurs Ă©taient des propriĂ©taires exploitants et des fermiers de Saint-Michel-En-lâHerm et de ses environs. Parmi eux on peut citer les noms de M. David Aristide, Boilleau Isidore et M. Caillaud Benjamin.

La construction, lâinstallation et lâachat du matĂ©riel de laiterie furent financĂ©s par des prĂȘts facultatifs. Lâobjet de cette association Ă©tait de mettre en commun le lait provenant exclusivement des exploitations des sociĂ©taires en vue de le valoriser en le transformant et en utilisant tous les produits et sous-produits qui en dĂ©rivent. La sociĂ©tĂ© ainsi fondĂ©e Ă©tait Ă durĂ©e illimitĂ©e, mais un sociĂ©taire pouvait en sortir Ă la fin de chaque pĂ©riode dĂ©cennale, un nouveau sociĂ©taire pouvait y adhĂ©rer en Ă©tant parrainĂ© par lâorganisation locale dont il dĂ©pendait puis devait ĂȘtre agréé par le conseil dâadministration qui fixait le montant du droit dâentrĂ©e. Le nombre des sociĂ©taires nâĂ©tait pas limitĂ©. Un adhĂ©rent pouvait ĂȘtre exclu pour des fautes ou des raisons morales graves comme une condamnation Ă une peine criminelle, des actes ou des propos malveillants pouvant nuire Ă la bonne marche de la sociĂ©tĂ©, fraudes liĂ©es au lait quâelles soient qualitatives ou quantitatives.
LâactivitĂ© proprement dite de la sociĂ©tĂ© dĂ©marre le 1er janvier 1893. Ses statuts mentionnent quâelle Ă©tait gĂ©rĂ©e par un conseil dâadministration, dont les membres Ă©taient les prĂ©sidents des sections locales, eux-mĂȘmes choisis par les dĂ©lĂ©guĂ©s de leur section respective, Ă raison dâun Ă©lu par commune, et ce afin que tout le monde soit bien reprĂ©sentĂ©. Une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale se tenait tous les ans Ă un endroit convenu qui nâĂ©tait pas nĂ©cessairement la laiterie. Un compte-rendu des opĂ©rations de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente Ă©tait prĂ©sentĂ© aux membres prĂ©sents. Le conseil dâadministration accomplissait tous les actes non rĂ©servĂ©s Ă lâAssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale. Il avait tous les pouvoirs pour gĂ©rer au mieux les intĂ©rĂȘts de la coopĂ©rative et de ses adhĂ©rents. Câest lui qui nomme les salariĂ©s en les choisissant dans une liste préétablie par le PrĂ©sident. Il nomme aussi un directeur technique et un comptable, qui peuvent ĂȘtre des personnes Ă©trangĂšres Ă la sociĂ©tĂ©. Le Directeur de la laiterie travaille sous les ordres du PrĂ©sident. Charles Davied Ă©tait le PrĂ©sident de la sociĂ©tĂ© coopĂ©rative de Saint-Michel-en-lâHerm depuis 1921. Le Directeur est chargĂ© des encaissements, il a le pouvoir dâeffectuer des paiements de toutes sortes notamment pour lâachat ou le remplacement de matĂ©riel, de combustible, dâentretien des locaux, il rĂšgle les salariĂ©s et rĂ©partit les fonds entre les sociĂ©taires.Â

Le lait fourni par les sociĂ©taires devait rĂ©pondre Ă certaines exigences de qualitĂ©. On ne pouvait par exemple pas mĂ©langer le lait de la traite du soir avec celui de la traite du matin. Il devait aussi ĂȘtre conservĂ© dans un endroit propre et frais, Ă lâabri de toute odeur, et contenir un taux de 40 pour cent de matiĂšre grasse par litre. Des services de contrĂŽle pouvaient effectuer des prĂ©lĂšvements dâĂ©chantillons chez les sociĂ©taires Ă des fins dâanalyse. Rappelons enfin que le prix du lait Ă©tait dĂ©terminĂ© en fonction de sa qualitĂ©. Mais fixer des rĂšgles ne suffit pas toujours ! DâoĂč lâidĂ©e du bureau de la laiterie de Saint-Michel-en-lâHerm de lancer le 28 janvier 1906, un concours des meilleures vaches laitiĂšres parthenaises, destinĂ© Ă donner des primes aux propriĂ©taires des vaches qui fourniraient le plus de beurre pendant une lactation. Le 1er mars 1906 le concours est lancĂ© pour une durĂ©e dâun an. Un classement des 90 vaches inscrites au concours se fait en calculant les quantitĂ©s de beurre produites par rapport aux Ă©lĂ©ments suivants : Moyenne de traite, moyenne des analyses, nombre de jours de lactation. A la fin du concours le 1er mars 1907, un classement est Ă©tabli et les rĂ©sultats sont analysĂ©s et semblent trĂšs instructifs : Quelques vaches ont donnĂ© en moyenne le kilo de beurre avec 16, 14, et mĂȘme 13 litres de lait. Autre observation la premiĂšre vache du classement a un rendement en beurre de 257 kilos et la derniĂšre 115 kilos, produit dans les mĂȘmes conditions avec 19,5 litres de lait. Tout ceci est la preuve que chez les vaches laitiĂšres parthenaises, lâaptitude laitiĂšre est souvent trĂšs dĂ©veloppĂ©e. Pour la petite histoire, la laurĂ©ate du Concours sâappelait FrisĂ©e, elle Ă©tait ĂągĂ©e de 10 ans, et produisait 4890 litres de lait durant une lactation, il lui fallait 19,4 litres de lait pour faire un kilo de beurre. QuantitĂ© de beurre produite 257 kilos.Â
LES TROIS SUCCURSALES :
La CoopĂ©rative de Saint-Michel-En-LâHerm Ă©tait dirigĂ©e depuis 1905 par Monsieur BarhĂ©lĂ©my Mallet, un homme sĂ©rieux et compĂ©tent, assistĂ© de personnes trĂšs qualifiĂ©es, et prĂ©sentes depuis de nombreuses annĂ©es dans l'entreprise. Monsieur Mallet supervisait aussi les trois succursales suivantes :
La laiterie de Talmont fondée en 1910, et qui fut revendue en 1960 à Monsieur Daviaud, fabricant de chaussures. Le bùtiment de la direction de la laiterie fut transformé en restaurant, à partir des années 1990.
La laiterie dâAngles fondĂ©e en 1902 fut aussi une succursale de Saint-Michel-En-LâHerm. Elle comprenait une salle dâĂ©crĂ©mage, une salle contenant des cuves Ă crĂšme, une salle pour la fabrication ainsi quâun sĂ©choir de casĂ©ine.
La laiterie des Magnils-Reigniers fut rachetĂ©e par St-Michel-En-LâHerm en 1923.
Ă une certaine Ă©poque, lâensemble des quatre laiteries traitait jusquâĂ 60.000 litres de lait quotidiennement, transformĂ© en beurre extra-fin, expĂ©diĂ© aux quatre coins de la France pour la vente en gros ou au dĂ©tail. La zone de ramassage du lait sâĂ©tendait de la baie de lâAiguillon jusquâaux abords des Sables dâOlonne.
En 1950, La sociĂ©tĂ© comptait 1800 adhĂ©rents, possĂ©dant un cheptel dâenviron 6000 vaches et produisant plus de 10 million de litres de lait. Une partie de ce lait Ă©tait rĂ©servĂ© Ă la consommation de villes et de stations balnĂ©aires vendĂ©ennes, lâautre Ă la fabrication de fromages frais et parait-il aussi des meilleurs beurres de la rĂ©gion.

Des Produits, Des Marques et des récompenses :
Beurres, lait en poudre, lait pasteurisĂ©, casĂ©ine, Edam, Gouda, Saint-Paulin, fromages frais, camembert. Nombreuses rĂ©compenses pour la qualitĂ© de ses beurres : MĂ©daille de bronze en 1904, MĂ©daille d'argent en 1908 et 1909, MĂ©daille dâOr Ă Paris en 1935, 1936, 1937. MĂ©daille dâArgent en 1926, MĂ©daille de Bronze en 1927 & 1931.