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Varus Flumen historia - Le gué et les gueyeurs Traditional Geocache

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FlumenVarus: c est fini

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Hidden : 8/21/2019
Difficulty:
1.5 out of 5
Terrain:
1.5 out of 5

Size: Size:   other (other)

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Geocache Description:


Le gué du var et les gueyeurs


Vous connaissez les gueyeurs ? À l’époque, ils vous auraient pris sur leur dos pour traverser le Var vers le Comté de Nice. En effet le Village était la dernière étape dans le royaume de France et cela a forgé une identité dont Saint-Laurent-du-Var a gardé les traces.

Depuis les origines des temps, le fleuve Var a constitué pour l'homme un dangereux obstacle dans sa progression côtière.

Le gué et les gueyeurs sont ancrés dans une tradition historique remontant à l’origine de la cité de Saint Laurent du var , bâtie au bord du fleuve pour en assurer la traversée.

De ce fait, les hommes occupant le site seront mis à contribution dans l'aide et l'assistance apportées au franchissement du fleuve, et ceci, jusqu'à la construction définitive d'un pont en 1792.


Déjà en 1005 l’abbé de Saint Véran reçut une habitation dans un hameau dénommé Varum, sur la rive droite du fleuve, où Saint Laurent s’est installé par la suite.

Au XIIe siècle un ermite se rendait chaque année sur les bords du Var avec deux chevaux pour faire passer les pèlerins se rendant à l’abbaye de Lérins. Plus tard, les autorités religieuses soucieuses de faciliter le flux des pèlerins circulant vers Rome et Saint-Jacques de Compostelle vont garantir le passage du fleuve.

L'installation d'un hospice sur la rive droite va satisfaire à cette exigence. La barque de l’hospice assurait alors le passage d’une rive à l’autre du Var.

Au XVe siècle, après la renaissance du village de Saint Laurent, repeuplé suite aux épidémies et aux pillages, par l’évêque de Vence, désireux de garantir la sécurité du gué, obligation est faite aux nouveaux venus habitants, venus de la proche Ligurie, de tenir une barque sur le Var pour en assurer le passage.

Ces premiers gueyeurs laïques, dénommés « Riveraschi », vont s’organiser en corporation et maintenir leur activité jusqu’au XIXe siècle. La municipalité devait fournir le matériel et choisir douze gueyeurs, chargés de la traversée du gros bras du Var, et, dans les cas où les variations du courant les obligeaient à changer la direction de la barque, ils étaient tenus d'en prévenir les consuls de Nice.

Lors de la signature du traité de Turin (24 mars 1760. On établit un service régulier entre les deux rives, et on fixa un droit modéré, dont les pauvres et les pèlerins furent seuls exempts.

Les obligations de la communauté de Saint Laurent sont rappelées dans les accords conclus entre les rois de France et de Sardaigne pour l’exécution du traité, portant rectification et règlement des frontières.

Nous y lisons, que les consuls de Saint Laurent nommeront annuellement 12 gueyeurs pour le passage du Var, tout habitant dudit lieu et les plus experts en cette fonction, lesquels prêteront serment devant le juge gueyeur de Saint Laurent.

Les gueyeurs se tiendront depuis le lever du soleil jusqu’au coucher au nombre de 6, auprès du passage de la rivière, savoir 3 au-delà d’icelle et 3 en deçà, pour indiquer les gués à ceux qui voudraient passer. Les dits gueyeurs seront tenus de sonder les gués de toutes les branches de la rivière, tous les matins et même dans la journée. S’ils s’aperçoivent de quelque changement survenu dans le cours d’icelle par la crue des eaux ou par autre cause, et, après avoir sondé et reconnu les gués, ils y planteront des piquets, auxquels ils attacheront des fagots et des fascines pour indiquer le passage le plus sûr, et le plus commode.

À partir du milieu du XVIIIe siècle il n’est plus question que du passage des voyageurs et de l’obligation traditionnelle qu’ont les gens de Saint Laurent de faire traverser le Var. Les gueyeurs vont s'acquitter de leurs devoirs dans le cadre d'une véritable confrérie soumise à des règles strictes.


Au XVIIIe siècle, la barque n’existe plus depuis longtemps. Les services des gueyeurs se dégradent : indélicatesses en tous genres, voyageurs volés et rançonnés, prestations d'un prix exorbitant, litiges et incidents divers conduiront même certains gueyeurs jusqu'à la prison.

Cette situation persiste, entraînant les autorités à confier la gestion du passage du Var à un entrepreneur privé. La communauté Laurentine traitait pour un an avec les gueyeurs.

En 1758, la communauté des habitants conclut un accord avec un entrepreneur, le sieur Jean François Ferron, bourgeois originaire d’Antibes, domicilié à Cagnes.

Le passage du Var se fait à gué, et si l’entrepreneur ne peut trouver un nombre suffisant de gueyeurs, la communauté s’engage à les lui fournir, étant entendu que chaque homme sera payé par lui au salaire journalier de 30 sols d’argent de France. Ces gueyeurs devront, à toute heure du jour, être à la disposition des voyageurs, la nuit, ils n’assurent le passage que si le service du roi l’exige.

Les pauvres sont guidés gratis, les autres personnes paient à l’entrepreneur 30 sols d’argent de France pour chaque gueyeur utilisé du premier octobre au 31 mai et 20 sols du premier juin au 30 septembre. Toutefois les habitants de Saint Laurent et ceux de la viguerie de Saint Paul, qui portent chaque jour des denrées à Nice, paient un sol seulement quand ils passent le Var à pied et deux sols quand ils ont des montures.

En retour, Il était interdit de passer le Var vis à vis de Saint Laurent et d’autres points, que le gué fixé par l’entrepreneur et indiqué par les gueyeurs. Ils détiennent un monopole. En 1781, nous trouvons parmi ceux-ci : François Trastour; Jean- Jacques Bery et André Martin.

Le 17 avril 1782, le chef affirmé des gueyeurs s'appelait Antoine Michel. Il devait veiller à ce que seuls les hommes désignés exécutent le travail.

Ce monopole exigeait de la part de ceux qui étaient sélectionnés des qualités particulières. La convention n’oubliait pas les exigences de la morale et l’un des articles précisait :

Les hommes que l’entrepreneur emploiera seront jeunes, vigoureux et sages. Ils seront tenus de s’habiller de façon à éviter tout scandale et toute indécence.

Une note d'archive précise :

  • Il faut que les gueyeurs soient des gens choisis et craignant Dieu.
  • Qu'ils fréquentent les sacrements et qui fassent leurs Pâques chaque année.
  • Qu'ils portent un tableau (tablier) autour de la ceinture.
  • Qu'ils aient de la pudeur et de l'honnêteté envers les personnes du sexe.
  • Qu'ils soient charitables envers les pauvres et traitables envers les autres.
  • Qu'ils ne soient point abrutis dans le vin, pour ne pas risquer de se noyer et de noyer les autres.

Les gueyeurs disparaîtront lorsqu’un pont traversera enfin le fleuve de manière définitive en 1864.

Ils avaient été durant plus de huit siècles les maîtres du fleuve.

Le gué du var a Saint Laurent


La traversé du Var racontée par Smollet.

L'Anglais Smollet qui visita Nice en 1763, nous a laissé dans son ouvrage Voyage à travers la France et l'Italie, une lettre datée de Nice, 6 décembre 1763 :

Au village de Saint-Laurent, fameux par ses vins muscats, il y a une équipe de passeurs toujours prêts à guider les voyageurs dans le passage de la rivière. Six de ces hommes, les pantalons retrousses jusqu'à la ceinture, avec de longues perches en main, prirent soin de notre voiture et par mille détours nous conduisirent sains et saufs a l'autre bord.

A dire vrai, cela ne fut pas été bien nécessaire, mais c'est pour les gens du pays une sorte de revenant-bon, et je n'aurais pas voulu courir un risque quelconque, si faible qu'il put être, pour le plaisir d'épargner la demi-couronne dont je rémunérai la peine de ces braves gens.

Si vous ne gratifia pas d’une pareille somme les visiteurs de la douane de Saint-Laurent, ils fouilleront vos malles de fond en comble et mettront tous vos effets sens dessus dessous. Et ici, une fois pour toutes, je voudrais avertir les voyageurs qui ont l'habitude de ne consulter que leur convenance ou leur intérêt, d'être très prodigues de leur argent envers toutes ces sortes de gens. Je leur conseillerais même de se laisser un peu écorcher par les aubergistes rencontrés sur leur route, à moins que l'abus ne soit vraiment trop évident.

Car si vous vous mettez à discuter avec eux, vous aurez des ennuis a n'en plus finir et vous vous ferez du mauvais sang pour rien.


La traversé du Var racontée par Sulzer.

Un autre voyageur du XVIII siècle, l'allemand Sulzer, dans son Voyage de Berlin à travers les pays méridionaux de l'Europe, en 1775 et 1776, a aussi décrit la traversée du Var.

En sortant de Saint-Laurent on entre dans le lit du Var qui est très large à cet endroit et prouve suffisamment l'impétuosité des crues de ce fleuve. En ce moment, à peine le sixième du lit était couvert d'eau et ce peu d'eau, divise en plusieurs bras, coulait avec rapidité.

À Saint-Laurent des hommes robustes sont charges de transporter les voyageurs à travers le fleuve.

Ces hommes doivent savoir a quelque époque il est possible de traverser le fleuve.

On me donna quatre de ces hommes pour ma traversée qui n'était pas dangereuse, l'eau étant très basse, en d'autres temps, on en donnerait beaucoup plus.

L'un précédait en éclaireur en montrant au postillon les endroits les plus guéables et trois restaient avec la chaise de poste pour la tenir afin que le torrent ne la renverse pas.

Dans quelques endroits l'eau montait jusqu’à l'essieu des roues.

Cet accompagnement me couta 4 livres, quand l'eau est plus forte, c'est beaucoup plus couteux.


Témoignage de l’abbé Jean-Pierre Papon dans son voyage de Provence (1780)

Le Var est très rapide. Il entraîne le gravier de dessous les pieds. Et, en été, quand il y a des orages, il grossit quelquefois prodigieusement dans l'espace de deux heures, à cause des torrents qui tombent des montagnes. La facilité avec laquelle il change de lit d'un jour à l'autre, et souvent plusieurs fois dans le même jour fait que les étrangers ne doivent pas s’exposer à passer le Var sans avoir des gueyeurs qu'on prend à Saint-Laurent-du-Var quand on vient de Provence, ou sur le bord opposé quand on vient de Nice.

Si l'on ne passe ni en voiture, ni à cheval, on s'assied sur l'épaule de deux hommes, qui se tiennent serrés l'un contre l'autre, en prenant réciproquement avec la main le haut de leur veste au-dessus du cou, de manière que l'un pose son bras droit sur le gauche de l'autre. Il faut avoir soin de ne pas regarder l’eau, elle est si rapide que la tête tournerait et l'on risquerait de tomber.


 

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