Bien avant les fontaines dans les rues et l’eau au robinet, les habitants des villages perchés comme celui-ci avaient fait foncer des puits communaux. Celui de Martignargues est bâti sur la place de l’église, il s’agit d’une petite construction de pierre couverte par un beau toit à 4 pentes supporté par 4 piliers de pierre. Il a été foré au point le plus élevé de cette petite communauté et fournissait l’eau à une population d’une petite centaine d’âmes.
Pour la consommation des bêtes : chevaux, mules et quelques vaches, elle étaient conduites à une fontaine qui leur était destinée au bas du village dans le chemin qui conduit chez la famille Brouet Jules.
L’eau était été captée à la source du « pontet » en sortie du village en direction de Vézénobres, cheminait dans une conduite le long du ruisseau et se déversait dans une réserve d’une vingtaine de mètres cubes bâtie au-dessous du gabarit à côté de la maison Brun.
La citerne distribuait ensuite l’eau à la fontaine aux chevaux composée d’une rigole où en rang d’oignon les bestiaux se soûlaient après leur rude journée de labeur.
Il fallait voir, mais surtout entendre le «boucan d'enfer» mené par le jeune Clément BRUN qui habitait place de l’église lorsque après avoir rassemblé les 5 ou 6 chevaux du quartier, il dévalait à toute pompe suivi par son équipage assoiffé les calades du village jusqu’à la fontaine aux chevaux. Je peux vous assurer que les mamés ne traînaient pas dans la rue... "Hououou, maï d'aquel moustré lou Clément ".
A la fin des années 20, après la construction d’une station de pompage au bord de la Droude et d’un château d’eau sur le chemin du cimetière, l’eau est enfin arrivée à 3 fontaines publiques disposées dans les rues du village.
Il aura fallu attendre 30 ans, à la fin des années 50 pour voir arriver enfin l’eau au robinet. Que de calvaires jusque là, que de va-et-vient à trimballer les cruches en toute saisons…