La ferme la Cotentine était vouée à disparaître, rongée par la végétation. Pourtant, le bâtiment, situé près du sentier des douaniers d’Omonville-la-Rogue, était encore habité par une famille de fermiers au début des années 1940. En 1991, le Conservatoire du littoral devient propriétaire de cette bâtisse en perdition. Et en 2000, la décision a été prise de remettre ces ruines en valeur afin de garder le témoignage du passé mais aussi de les rendre accessibles en toute sécurité aux randonneurs qui empruntent le GR 233.
Distante de 875 m, en ligne droite du manoir du Tourp, situé sur la colline au sud-ouest, la ferme apparaît pour la première fois sur un document d’archives au milieu du XVIIIe siècle : la carte de Cassini, tracée vers 1750-1760, figure ses bâtiments au lieu-dit « La Cotantine », selon la graphie de l’époque. On ne sait presque rien sur ses exploitants successifs. La Cotentine appartient, au début du XXe siècle, au marquis Jean-Octave de Traynel, attaché à l’ambassade de France en Italie, et propriétaire terrien dans le Cotentin. Décédé en 1943, ce personnage qui résidait loin de la Normandie louait la ferme à des agriculteurs-éleveurs locaux.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, la ferme en bordure de mer, considérée comme position stratégique, une fois ses habitants expulsés, fut réquisitionnée et occupée par l’armée allemande, et subit de graves déprédations : démontage des toitures et des charpentes, pillages divers. À la Libération, trop abîmée pour être reprise par des fermiers, La Cotentine demeura à l’abandon et subit les dommages du temps : embroussaillement, dépôt d’ordures, extraction de pierres de taille. En 1991, les ruines furent achetées par le Conservatoire du littoral afin de sauvegarder l’ensemble du site alors en grand péril .
© informations historiques : Robert Lerouvillois