Les Ports Francs de Genève.

Les ports francs, c'est une petite forteresse offshore en plein coeur de l'Europe, née en 1849 pour entreposer des céréales. Aujourd'hui, d'autres denrées moins périssables y sont conservées. Au sous-sol, quatre coffres-forts avec des portes de 50 centimètres d'épaisseur sont réservés à l'or et aux diamants. Ailleurs, des box sont remplis jusqu'au plafond de caisses de Petrus ou de Château Latour à 3000 euros la bouteille. La famille Nahmad, qui tient galerie sur Madison Avenue, à New York, y détiendrait 5000 oeuvres d'art. En octobre 2012, Catherine Hutin-Blay, une héritière de Picasso, y a stocké 79 toiles du maître. Une cargaison de 1 tonne, dont la valeur avoisine les 300 millions d'euros.
Plus de 1 million d'oeuvres d'art sont conservées dans les 150000 mètres carrés d'entrepôts, dont la moitié est placée "sous douanes". Pour le client, il en coûte entre 250 et 1500 euros par mètre carré loué à l'année. Certains n'y mettent jamais les pieds et laissent les "transitaires" - à la fois transporteurs et conservateurs - gérer sur place leurs trésors...
Le Port Franc de Genève joue un rôle essentiel pour les négociants en gros genevois. Il permet de contrôler les marchandises, de les stocker et de leur faire subir certaines manipulations telles que triage, marquage, emballage, sans pénétrer dans le territoire douanier suisse. Ainsi certaines maisons spécialisées peuvent-elles réaliser des opérations de transit entre deux ou plusieurs pays étrangers, tout en s'assurant le contrôle physique des produits échangés.


Genève fut l'une des premières villes de Suisse à obtenir de la Confédération une concession de port franc. En 1840 déjà, la Chambre de commerce dresse un rapport sur le transit des marchandises et la construction d'un entrepôt à Genève. Il faut cependant attendre le 30 juin 1849 pour que le Conseil fédéral donne son accord pour l'établissement d'un entrepôt, qui fut installé dans les anciennes boucheries et dans un hangar situé sur le port, aux Eaux-Vives. Une année plus tard, le 23 novembre 1850, le Conseil fédéral accordait la concession pour un port-franc, et le 24 janvier 1851 la loi genevoise autorisait la construction de deux entrepôts, l'un sur la rive gauche, l'autre sur la rive droite. Le port franc de Rive était inauguré le 1er juillet 1854. Quant à l'entrepôt de la rive droite, il fut tout d'abord installé à la rue du Mont-Blanc, à l'emplacement de l'actuel Hôtel des Postes, et ce n'est que le 28 juin 1890 que sera officiellement inauguré le port franc de Cornavin.
Quant au nouveau Port Franc de La Praille, il est entré en activité le 15 avril 1965. Il occupe 120.000 mètres carrés de terrain, dont 25.000 construits. Le bâtiment principal a un volume de 253.700 mètres cubes, répartis sur sept niveaux. Ses caves ont une capacité de 58.000 hectolitres. Le Port Franc de Genève dispose en outre de 1.000 places de parking pour voitures, dont 400 à l'intérieur d'un garage, et d'un silo à céréales d'une capacité de 48.000 tonnes destiné à stocker aussi bien les récoltes du Canton que les marchandises en transit. Enfin, une annexe de 2.300 mètres carrés est à disposition à l'aéroport de Cointrin.
Des ports francs sont installés aux points-frontière de la Suisse ainsi que dans quelques noeuds de trafic importants. L'ensemble le plus important est celui de Zurich, suivi de Bâle, mais le port franc de Genève dispose de la plus grande capacité pour le stockage des vins et des céréales.

Pour en savoir plus : http://geneva-freeports.ch/files/9114/0990/7570/Ports-Francs-et-entrepots-de-Geneve-125ans.pdf
