Par cette série, je vous propose de partir à la découverte de certains Monuments Historiques qui jalonnent notre belle Alsace, certains sont évidemment très connus, d'autres, un peu moins...
Début 2012, l'Alsace totalisait 1400 protections au titre des Monuments Historiques. Selon la Base Mérimée, le Bas-Rhin arrive en tête avec 857 monuments classés (et/ou inscrits) contre 543 pour le Haut-Rhin.
La ville de Strasbourg compte 225 édifices protégés au titre de la loi de 1913. Cinquante-deux d'entre eux sont classés, 159 inscrits et 11 sont mixtes. Elle se trouve être la 8ème ville Française comptant le plus de monuments historiques, viennent en tête Paris, Bordeaux, La Rochelle, Nancy, Lyon, Rouen et Arras.
Fondé en janvier 2014 par Marie-Luce et Marc Arbogast, et animé par une association de droit local sans but lucratif, ce musée présente la plus importante collection privée d’art vaudou en France.
Ce fond est exposé dans l'ancien château d'eau de la gare de Strasbourg construit en 1878 et qui fait l’objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis 1984.
Il est ouvert du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h. Sur réservation, la visite est également possible pour les groupes (au minimum 8 personnes) en dehors de ces horaires. Des visites jeunes publics ont aussi été développées afin de pouvoir accueillir et faire découvrir au plus grand nombre les mystères du vaudou.
Histoire du bâtiment : le Château d’Eau :
Le bâtiment du château d’eau qui abrite ce musée est un château d’eau construit sous domination allemande entre 1878 et 1883 par l’architecte berlinois Johann Eduard Jacobsthal (1839-1902). Ce dernier a en outre conçu la Stadtbahn de Berlin (« chemin de fer urbain ») et dessiné les gares de l’Alexanderplatz et de Bellevue situées dans la capitale allemande, ainsi que l’ancienne gare de Metz, aujourd’hui détruite. Massif, octogonal, de style néo-roman, avec un soubassement appareillé en grès rose, le bâtiment est couronné d’un ouvrage en briques jaunes orné de croisillons en métal et de verrières géométriques. Il a été conçu en même temps que l’actuelle gare centrale et fut l’un des premiers bâtiments mis en chantier au lendemain de l’annexion en 1871, après la guerre franco-prussienne.
Le château d’eau servait de réservoir destiné à alimenter les locomotives à vapeur. Profitant de l’accessibilité de l’eau qui n’était alors pas courante en ville, les ouvriers de la Reichsbahn, puis les employés des chemins de fer français, avaient ainsi la possibilité d’y prendre un bain dans des cabines collectives situées au premier étage du Château d’eau.
Les fondations du château d’eau plongent dans les vestiges d’un cimetière romain, civilisation qui, précisément, rendait une forme de culte à ses morts…. ont peut facilement y voir un lien avec le culte des Ewés ou des Fons d’Afrique de l’Ouest d’où provient la collection de Marc Arbogast exposée dans le château.
Alors que l’électricité en vient à remplacer progressivement la vapeur, le château d’eau sera à la fin des années 1950 abandonné aux hirondelles. Inscrit sur la liste de l’inventaire des Monuments Historiques en 1983, il ne fera toutefois l’objet d’aucune opération de sauvegarde jusqu’à ce que Marc Arbogast ne le rachète en 2005 et en confie la réhabilitation à l’architecte Michel Moretti.
Le bâtiment a ainsi été restauré dans le plus grand respect de ce joyau du patrimoine industriel et de l’histoire de l’Europe, remettant à neuf les vitraux, le toit et en préservant au 3ème étage l’une des quatre cuves contenant jadis la réserve d’eau.
Les travaux se sont achevés le 28 novembre 2013.