« La ligne jouait à saute-moutons entre vallons et éminences, se perdait dans la touffeur du bocage avant, sur les hauteurs, de dominer le grand arc de cercle de la baie d'Audierne, alternait les plongées dans la verdure et les lumineuses échappées sur la mer... ». Serge Duigou, dans son ouvrage Quand s'essoufflait le train carottes aux éditions Ressac, nous donne envie de le connaître ce petit train pourtant mal né et trop vite disparu. Contestée par les uns puis par les autres, de modifications de parcours en modifications, souvent sous la pression des plus influents, la ligne était ouverte le 1er octobre 1912.
Reliant Pont-l'Abbé à Audierne en passant par Pont-Croix, son rôle principal était de transporter les récoltes de légumes vers les conserveries, d'où les noms de train carottes ou patates. Le parcours de 35 kilomètres entre Pont-l'Abbé et Pont-Croix était couvert en 114 minutes à la moyenne de 18 km/h. Ce train nous apparaît avec le recul mal conçu, mal né, à un mauvais moment (deux ans avant la guerre) et trop vite concurrencé par l'automobile.
Pourtant, en ne transportant des voyageurs que durant vingt deux ans, ce gentil tortillard a laissé son image dans l'esprit de tous. Pourquoi ce souvenir gentiment affectueux ? Serge Duigou dans son ouvrage, répond à cette question : « Le pittoresque était au rendez-vous, pimenté de surcroît d'un brun de suspense. Chaque rampe un peu abrupte prenait des allures de défit, d'épreuve à surmonter? Arrivera, arrivera-ty-pas ? Un train qui alliait l'émotion de l'inconnu à la beauté du paysage, on comprend qu'il ait marqué les esprits ».
Il rappelle aussi ce que Pierre Jakez Hélias a écrit à ce propos dans Le cheval d'orgueil : « Le train coupe les routes et les chemins sans autre forme de procès. Il brinquebale à la lisière des champs. Au bas de la levée qui porte le chemin de fer, il y a toujours quelque petit vacher à plat ventre qui ouvre la bouche sur neuf heures, quelques fillettes aux bras chargés de digitales qui rougissent de confusion. Le cheval noir siffle pour leur faire plaisir autant que pour avertir je ne sais qui de je ne sais quoi... ».
Autre témoignage, celui de Monsieur Le Corre de Pouldreuzic cité dans l'ouvrage de Serge Duigou : « Le train c'était pour nous un spectacle [...] Le train faisait partie de notre vie, quand bien même on ne le prenait jamais. Les gens réglaient leur montre sur son passage ; s'il avait dix minutes de retard, tout le canton prenait du retard... ».
Les contemporains du train, même s'ils ne l'avaient pas utilisé se souviennent d'anecdotes relatives à son sifflet, ses problèmes avec les côtes, anecdotes qu'on leur avait raconté.
De Tréogat à Pouldreuzic en 1920
L'Association du Patrimoine de Plovan est partie sur les traces du train carottes de Tréogat à Pouldreuzic, retrouvant, perdues dans la végétation, des ouvrages surprenants, très bien conservés.
Le train venant de Plonéour traverse la route et descend vers Tréogat (→) en longeant la voie routière pour franchir le ruisseau coulant vers l'étang de Trunvel sur un pont commun (→).
Après être passé devant Lesvagnol, il oblique en direction de la gare de Tréogat. Il longe l'école actuelle, coupe la route menant à Plovan pour s’arrêter à la station (→).