đź’– Le CĹ“ur des Petits HĂ©rissons
 Tréhorenteuc, Forêt de Brocéliande
Il y a très longtemps, dans une époque que seuls les arbres se souviennent encore, la forêt de Brocéliande vibrait d’une magie douce, presque invisible. Ce n’était pas la magie des sorts ou des enchantements bruyants, mais celle, plus silencieuse, de l’amour pur, de l’amitié sincère, et du respect profond entre les êtres.
Parmi les plus anciens habitants de cette partie de la forêt, du côté de Tréhorenteuc, vivait un petit peuple discret : les hérissons aux piquants d’or brun. On les voyait rarement. Ils sortaient surtout à l’aube, quand la brume caressait encore les feuilles, ou au crépuscule, quand le vent racontait des histoires aux branches.
Ces hérissons n’étaient pas de simples animaux. Ils étaient les enfants de la forêt, nés du murmure des sources, des battements du vent, et des secrets confiés aux racines.
Un jour, alors que le monde changeait et que les pas des hommes se faisaient plus nombreux, les hérissons ressentirent le besoin de laisser une trace. Un message. Une offrande d’amour à leur forêt, à ses âmes anciennes, visibles ou invisibles.
Alors, patiemment, avec tendresse et une infinie minutie, ils façonnèrent un cœur en bois.
Un grand cœur, solide et doux à la fois, fait de branches tombées, de morceaux d’écorce et de fibres de mousse, assemblés avec soin, avec émotion.
Ce cœur n’était pas un simple objet.
C’était une promesse.
Une promesse d’amour éternel à la forêt, à ceux qui l’écoutent, à ceux qui la respectent.
Une promesse de mémoire et de magie, offerte à la terre, aux arbres, aux souffles anciens.
Les hérissons l’ont caché ici, près de Tréhorenteuc, non pas pour qu’il soit oublié, mais pour qu’il soit cherché. Trouvé par ceux dont le cœur est encore ouvert à la beauté simple.
Et depuis ce jour, les petits hérissons veillent.
Ils sont toujours là , cachés sous les feuilles, tapis près d’un rocher moussu ou blottis dans le creux d’un arbre.
Ils sont devenus les gardiens du cœur.
Les gardiens de l’amour, de la tendresse et du silence sacré de la forêt.
Si tu trouves ce cœur…
Prends un instant. Respire doucement. Pose ta main sur lui.
Et peut-être, si ton cœur est ouvert, sentiras-tu un petit frémissement —
celui d’un hérisson tout près de toi,
ou celui, plus subtil encore, d’une forêt qui te remercie…
d’avoir su regarder avec les yeux de l’âme.
