LES COMBATS DU XON, EN 1915.
La colline du XON, moins élevée que ses deux voisines, MOUSSON et
la côte de BOUXIERES, domine cependant de ses
356 mètres les vallées de la Moselle et de la Seule. En 1914, à la
suite des premières batailles, le XON resta entre nos mains et
pendant plusieurs mois, les deux adversaires, distant de 500
mètres, se contentèrent de s'observer tout en aménageant les
retranchements. Le 13 février 1915, en début d'après midi, les
Allemands exécutent pendant une heure un violent bombardement sur
le sommet de la colline. Les défenseurs français du hameau de
NORROY, sous le coup de l'émotion, se réfugient dans le hameau de
HEMINVILLE, quand à ceux du sommet de la colline, ils descendent
tous dans leurs abris, malheureusement sans laisser de
guetteurs.
Deux colonnes ennemies attaquent à 15 heures, celle venant du bois
de la Woivrotte occupe facilement NORROY, qui n'est plus défendu,
et celle montant du bois Fréhaut sur le XON, s'empare des ouvrages
et des 151 hommes et sapeurs, dont le Capitaine DELMONTACNE,
commandant la 20ème Compagnie du 325ème Régiment d'Infanterie et
d'un lieutenant du Génie
Tout a été rapide et brutal. En guerre, il est de règle, quand
l'ennemi vous a pris une position c'est de contrer le plus
rapidement, dans le quart d'heure qui suit avant que l'assaillant,
généralement essoufflé ait eu le temps de se reconnaître dans la
position. Il faut réagir instantanément, même si ont est peu
nombreux.
Au XON, le 13 février, on y pense et dès 16 heures, le Colonel
LAMBIN, Commandant la 117ème Brigade, ordonne à une compagnie de
soutien à HEMINVILLE de reprendre les positions perdues. Mais il
est déjà bien tard, et d'ailleurs l'ordre ne sera exécuté pour des
raisons, qualifiées "d'inconnues" dans le compte rendu de la
brigade. A 20 heures, à l'initiative du Commandant DOUMERC, trois
compagnies du 325ème se lancent à l'assaut du XON perdu.
La 21ème compagnie, commandée par le Capitaine COCHIN, parvient à
proximité du sommet et s'y accroche sous les feux meurtriers des
Allemands qui ont eu le temps de s'organiser. La 18ème, puis la
20ème compagnie du 314ème accourant d'ATTON tenteront dans la nuit
de soutenir ces vaillants efforts, mais en vain, l'ennemi s'étant
solidement installé dans les bosquets au dessus de la Vitrée.
Le lendemain à 5h30, la
contre-attaque est reprise et l'on se bat avec beaucoup de bravoure
dans la partie sud de l'ouvrage au prix de lourdes pertes, les
Allemands menant à leur tour de dures contre-attaques.
Le Capitaine COCHIN, isolé de ses hommes depuis plusieurs heures
tombe glorieusement à proximité du sommet. COCHIN se trouvait isolé
avec deux hommes, quant il se vit cerné par les Allemands qui
arrivaient de toutes parts. Des deux soldats, l'un fut blessé à ce
moment, l'autre jugeant toute résistance inutile jeta son fusil à
terre, COCHIN se baissa alors, ramassa l'arme abandonnée en disant:
"On ne se rends pas."
Et fit feu sur de nombreux Allemands qui se trouvaient à quelques
mètres devant lui. Au même instant, il fut tué par la riposte
allemande, laissant l'exemple de la plus magnifique fin que puisse
avoir un soldat.
En tirant, il avait signé sa mort. Il était le fils de Monsieur
Denys COCHIN, Ministre d'État et Académicien, avec Louis MARIN, ils
étaient venus le voir le 31janvier 1915 dans les tranchées du
sommet du XON où il allait trouver la mort.
A 7 heures, deux compagnies du 223ème, commandées par le Capitaine
DE TARADE arrivent de BEZAUMONT et, après de gros efforts,
parviennent vers midi à s'installer au dessus de la ferme de St
Michel.
Du coté de LESMENILS, il faut attendre le soir, où le 6ème
bataillon du 277ème Régiment du Lieutenant Colonel ROUSSEL, attaque
vers NORROY à 19 heures mais là encore, l'ennemi a beaucoup
travaillé depuis la veille.
Tous ces combats du 13 février se déroulent sous une violente
tempête de neige.
Le 15, nouvelle tentative d'encerclement de la colline, nouvel
assaut sur NORROY, mais sans résultat appréciable. Il faut
maintenant, Si nous voulons rétablir nos lignes, recourir au grands
moyens. On fait appel à la 2ème division de cavalerie au repos dans
la région de Saint-Nicolas de Port. On renforce l'artillerie, qui
va comprendre 7 batteries de 75, une de 155 court, une de 155 long,
une de 120 long et deux de 90. Du côté ennemi on ne sera pas en
reste et les forts de VERNY et de SAINT BLAISE appuieront leurs
fantassins.
Le 16 février à midi, après un rigoureux bombardement d'un quart
d'heure, le 277ème attaque vers NORROY un groupe de cyclistes, et
deux compagnies du 325ème attaquent sur les pentes ouest du XON.
Les tirs sont hélas mal réglés, les communications téléphoniques
ayant été coupées dès le début. Les 40 hommes qui ont pu pénétrer
dans NORROY sont tués et vers la Vitrée, une seule tranchée a été
reprise.
Tout cela coûta fort cher en vies humaines.
Rien qu'au 277ème régiment du Commandant CHOLET, on compta 104
tués, 413 blessés, 145 disparus, pour les journées du 14 au 16
février. Il faut en finir les escadrons de la brigade légère de
cavalerie accourent d'ATTON et viennent relever les unités
d'infanterie, très éprouvées. Puis arrivent , en aide, le 222ème
Régiment d'Infanterie et le 36ème Régiment d'Infanterie
Coloniale.
Le 18 février à 15 heures, après une préparation d'artillerie d'une
heure et demi, une attaque à puissants effectifs est déclenchée. En
une heure, elle rend les positions perdues. Les Allemands
s'enfuient vers le bois Fréhaut (Tête d'Or ) et vers le bois de la
Woivrotte. Mais que de sacrifices pour reprendre la colline du XON
et le hameau de NORROY.
2000 tués et blessés pour les cinq
jours de combats ! Nous étions, il est vrai au début de la guerre,
en février 1915, dans le dur apprentissage de la "Grande
Guerre".
Texte aimablement
communiqué par Mr Henri Théobald
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