Les martyrs de Salency
Récit de Marcel Momeux paru dans le Parisien.
SI L'ATTAQUE du maquis des Usages à Crisolles le 23 juin 1944 est encore dans toutes les mémoires, la rafle allemande qui a suivi le 1 er juillet 1944 à Salency est également présente dans tous les esprits des villageois.
Marcel Momeux était alors âgé de 21 ans. Il faisait partie des 38 otages désignés et embarquées par les Allemands. « Une centaine de soldats de la Werhmarcht, armés jusqu'aux dents, ont cerné toutes les rues du village. Puis ils ont fouillé toutes les maisons. Perçant à la baïonnette les matelas et coussins à la recherche d'armes.
Il était 4 heures du matin, se souvient Marcel Momeux. Ils sont restés à Salency jusque vers 16 heures ou 17 heures ce jour-là. Ils ont alors rassemblé d'abord au lieu du Cavin toutes les personnes de 18 à 40 ans. Moi, j'étais en train de cueillir des cerises dans un arbre à côté de la maison, quand un Allemand au bas de l'échelle m'a interpellé pour m'en faire descendre.
Puis ils nous ont regroupés sur la place de la mairie. Les autorités nazies étaient sur les marches. Nous étions trente-huit. Ils nous ont embarqués dans quatre camions. » Dans sa tête résonnent encore les propos du chef de la rafle. Il a félicité ses troupes d'avoir arrêté des terroristes.
Les camions sont partis. Ils ont traversé Noyon, puis Ribécourt. « Nous n'avions pas le droit de parler », se rappelle Marcel Momeux. Le convoi stoppa à la maison d'arrêt de Compiègne. Là il doit donner ses lacets, vider le contenu de ses poches avant d'âtre incarcéré « dans la chambre 414 avec deux personnes de Crisolles ».
Une « cellule » d'une quarantaine de mètres carrés occupés par quarante prisonniers. « C'était soi-disant à la suite des échauffourées au maquis du bois des Usages du 24 juin, souligne Marcel Momeux. Les Allemands avaient retrouvé la fausse carte d'identité d'un résistant de La Fère qui le présentait comme natif de Salency. C'est pour cela qu'ils cherchaient des armes au village. »
Pourtant, notre homme ravitaillait avec d'autres les résistants des Usages. « Les armes, ils ne les ont pas trouvées, jubile encore aujourd'hui Marcel. Elles étaient juste cachées dans la voûte de l'église, au-dessus de l'harmonium où jouait un Allemand. »
Prisonnier à Compiègne, Marcel Momeux sera employé pour dégager les voix de chemin de fer bombardé par les Alliés. Parmi les raflés, son frère et son demi-frère seront déportés en Allemagne, avec trente-cinq autres habitants de Salency.
Si les frères de Marcel sont revenus saufs, sept ne reverront jamais le petit village du Noyonnais. Troisième de la famille, Marcel Momeux sera relâché de la prison de Compiègne vers la mi-juillet.
Par la suite, il s'engagera dans les troupes de la 2 e DB passée par Salency
