Le site de Saint-Lupien, la chapelle Saint-Lupien et les domus.
La fondation de "Ratiatum" (Rezé) sous le règne d'Auguste (27 et 14 avt JC) presque en face de "Condevicnum" (Nantes), chef lieu et port des Namnètes, est en apparence surprenante.
On l'explique par un nouveau découpage administratif: pour récompenser les Pictons du Poitou de leur aide pendant la guerre des Gaules, Rome leur aurait accordé le territoire situé au sud de la Basse-Loire.
Ils y fondent Ratatium, tête de pont destinée à contrôler une partie du commerce fluvial transitant entre la façade atlantique et la Gaule intérieur.
La ville dont le nom pourrait rappeler sa vocation première ("ratis" désignant une embarcation gauloise), connait alors un essor rapide. C'est l'une des plus importante de l'ouest et Ptolémée au 2ème siecle
la place au second rang chez les pictons après "Lemonum" (Poitiers). Elle s'étend au sud de son port établi sur le Seil, un ancien bras de la Loire aujourd'hui comblé.
Aujourd'hui, le sous-sol témoigne de l’apogée de la ville à cette époque. Ratiatum, étendue sur une centaine d'hectares soit environ le double de sa concurrente Condevicnum, obéit à une organisation spatiale
parfaitement ordonnée, qui détermine un véritable réseau de voiries encadrant un découpage régulier en îlots, peu à peu urbanisés.
Les archéologues ont mis au jour quatre quartiers de la ville gallo-romaine : Saint-Lupien (portuaire), les Domus (résidentiel), Notre-Dame-la-Blanche, les Bourderies (artisanal). Mais qu’en est-il du forum, du
théâtre, de l’odéon, des temples ?
La parure monumentale de Ratiatum reste aujourd'hui encore à découvrir…
Avant....
La chapelle Saint-Lupien...
un «mille-feuille» archéologique
Des vestiges gallo-romains au culte de Saint-Lupien
Deux murs gallo-romains de brique et de moellons de pierre ont été découverts sous les niveaux construits au Moyen-Âge.
Associés à des hypocaustes, pilettes en brique permettant la circulation d’air chaud dans un faux plancher, ces vestiges appartiennent probablement à des thermes.
Au Ve siècle, un premier édifice de culte aurait été construit, selon le témoignage de Grégoire de Tours (fin du VIe siècle).
Il relate l’existence de la sépulture d’un « certain Lupien » située dans « le bourg de Ratiate ». La renommée du lieu est telle qu’on y fait pèlerinage en raison d’une série de miracles: « [..]à son tombeau un aveugle recouvra la vue, un paralytique le
mouvement, un muet la parole ».
Nécropole mérovingienne et chapelle d es X et XIe siècles
La présence de huit coffres de sarcophages en calcaire
datés des VIIe-VIIIe siècles établit l’existence d’une nécropole mérovingienne. Bien qu’éventrés et endommagés, ils soutiennent les fondations d’une chapelle datant des X-XIe siècles, constituée
d’une nef unique et d’un choeur rectangulaire.
La chapelle du XVe siècle
La chapelle qu’on voit aujourd’hui en élévation est datée du XVe siècle. Plus grande, elle remplace la chapelle précédente dont elle conserve le plan architectural : édifice à nef unique et
chevet plat.
À l’intérieur, les installations liturgiques révèlent le soin apporté au décor de l’édifice : un retable finement mouluré sur le mur du choeur, un lavabo au sud et un bénitier au nord.
Transformée en ferme au XVIIIe siècle
Abandonnée, la chapelle se délabre peu à peu et son accès est interdit le 31 mai 1777.
Vendue comme bien de la nation, quand le citoyen Pichaud l’acquiert en 1791, l’édifice est déjà converti en ferme : la chapelle sert de lieu de stockage pour le foin et les outils agricoles.
En 1965, les habitants du quartier venaient encore chercher leur lait frais dans la chapelle.
À la fin du XIXe siècle, des fouilles et travaux de restauration sont entrepris. Ils détruisent malheureusement tout le contexte archéologique, en particulier les précieuses strates.