Cette tour qui
culmine au-dessus des toits de la ville de Ribeauvillé n’est
autre que la « Metzgerturm » (tour des
bouchers).
La construction de cette tour carrée remonte au XIIIe siècle,
c’est-à-dire à l’époque où Ribeauvillé accéda au rang
de ville. Ce fut donc en 1280, que l’on construisit pour la
première fois une enceinte destinée à protéger la ville.
L’intérieur de la cité est partagé en quatre parties
distinctes :
- la « Unterstadt » ( ville
basse),
- la « Altstadt » (vieille
ville),
- la « Mittelstatd » (ville
moyenne)
et la « Oberstadt » (ville haute).
Chacun de ces quartiers communiquait avec les autres au moyen de
lourdes portes incluses dans trois grandes tours.
La
tour séparant « Alstadt » (vieille ville) de la «
Mittelstatd » (ville moyenne) est la « Tour des
Bouchers », la seule en fait ayant survécu
jusqu’à notre époque.
Cette tour servait non seulement de passage d’un quartier à
l’autre mais aussi de tour de guet, de beffroi et même de
prison.
Et que viennent faire les « bouchers » dans cette
histoire-là ?
Rien de particulier, ce nom lui a été simplement attribué en raison
de sa proximité avec la « Metzig » (boucherie) ou
« Schlachthaus » (abattoir). Les bouchers y
possédaient des étals où ils travaillaient des pièces importantes
de viande. Ce fut également ici que le bourreau exerçait sa
sinistre besogne.
Au XVIe siècle la première construction, dont la hauteur
atteignait jusque-là une quinzaine de mètres, fut rehaussée pour
atteindre plus d'une trentaine de mètres de haut. Le tout fut
ensuite coiffé d’un toit en pointe.
Malheureusement, seulement une dizaine d’années plus tard, en
1547, la foudre s’abattit sur la tour et y occasionna
quelques dégâts sans que l’on puisse véritablement en mesurer
l’ampleur. On ne parlera à nouveau de la tour que plus de
deux siècles plus tard, lorsqu’il fallut entreprendre un
certain nombre de travaux de restauration.
Puis, lors de la nuit du 31 mars 1803, le feu se déclara près
de l’abattoir. Avec une violence inouïe l’incendie
gagna les maisons environnantes. Les particules incandescentes ne
tardèrent pas à atteindre le toit de la tour, qui a son tour
s’embrasa sous le regard médusé des spectateurs. Malgré
l’intervention courageuse des sapeurs-pompiers la toiture fut
totalement détruite. Au matin du 1er avril, on put enfin mesurer
l’importance du sinistre. Les dégâts étaient si importants
que la question de sa démolition fut envisagée.
Durant les jours qui suivirent, cette question fut âprement
débattue devant le conseil municipal de la ville. Tous les
arguments furent évoqués, la valeur historique de l’édifice,
l’image de la ville, l’obstacle à la circulation du
centre-ville, et d’autres encore. Plus on avançait dans le
temps, et plus violents devenaient les affrontements entre les
partisans de sa démolition et les autres.
L’affaire fut finalement portée le 1er avril 1803 entre les
mains du préfet. La tour resta dans son état de délabrement
jusqu’au 18 octobre 1866, lorsque le préfet exprima son désir
de voir préserver la tour après classement comme «
monument historique ». Il fallut encore patienter quelques
années pour voir enfin cette tour retrouver son aspect
actuel.