Le car avait quitté Gand à 5 h du matin. Ses occupants, des supporters du club de football “La Gantoise“, fêtaient avec leur famille le succès de leur équipe fanion par une excursion sur le littoral français. La Voix du Nord du 3 juin 1952 raconte ainsi le déroulement de l’accident : “Le véhicule, se dirigeant vers Dunkerque arrivait au pont de Gravelines, à 17 h, il aurait manqué l’entrée du pont très étroit (2 m 45), serait monté sur le trottoir gauche qui aurait cédé sous son poids. L’autobus se retourna alors complètement, heurta de l’avant le perré où il laissa la portière gauche, puis retomba sur ses roues dans le canal, plein, à ce moment, la marée étant haute. Le car coula sous plus de 4 mètres d’eau“.
Un témoin, le brigadier-chef des douanes Evrard donne l’alarme puis porte secours aussitôt aux touristes, de même que Joseph Fournier et Barthélémy Wadoux, ainsi que des matelots bretons, Joseph et Gabriel Métayer, et Marcel Lerminier, également présents sur les lieux au moment de l’accident. Très vite, arrivent ensuite les pompiers de Gravelines bientôt rejoints par leurs camarades de Bourbourg, Dunkerque, Watten, la brigade de gendarmerie de Gravelines, le personnel des Ponts et Chaussées, les curés, le Sénateur-Maire de Gravelines, Albert Denvers, le maire de Grand-Fort-Philippe...
Un des voyageurs, après avoir sauvé sa femme et son fils, doit lui-même être secouru. Comme d’autres, il perd des membres de sa famille : son père, sa sœur, sa belle-mère et sa tante. La Voix du Nord relate encore : “L’autocar, enfin soulevé à 21 h 15, révéla l’horrible emmêlement des corps, bras et jambes sortant des fenêtres brisées, un corps d’enfant en équilibre sur une porte arrière.Une foule innombrable, massée sur les berges, frémit d’horreur. À minuit, 32 corps étaient alignés“. Deux autres corps seront retrouvés le lendemain matin.
Sur les cinquante passagers, quinze blessés ont pu être sauvés grâce aux premiers soins des médecins de Gravelines, Grand-Fort-Philippe, Oye-Plage, Loon-Plage et Rosendaël, ainsi que de toutes les bonnes volontés.
Le 4 juin, une foule silencieuse assiste pendant deux heures, à l’Arsenal transformé en chapelle ardente, aux préparatifs de départ du convoi funèbre : après la messe, les honneurs rendus par des piquets en armes en présence de personnalités belges et françaises, deux camions prennent la directionde la Belgique avec trente deux cercueils.
Le 6 juin, ils sont enterrés à Gand après une cérémonie privée puis officielle en présence de nombreuses personnalités dont Albert Denvers, du sous-préfet et du maire de Dunkerque, du consul de France et de nombreux Gravelinois ayant participé aux secours. Plus de 60 000 personnes, toujours selon la presse, assistent aux funérailles, dans la ville endeuillée.
Vitesse, pneus usagers et surcharge du car, distraction du chauffeur par les passagers, étroitesse et vétusté du pont Vauban édifié en 1876, ont été les motifs évoqués, en ce qui concerne les causes de l’accident. Aujourd’hui, une stèle en hommage aux passagers du “Flying car“ rappelle la catastrophe.