« Pour l’enfant que j’étais alors, mon domaine privilégié était le Bempt s’étendant largement entre le trait rectiligne des berges du canal de Charleroi à l’Ouest et les rives serpentines de la rivière Senne, à l’Est. Là subsistaient encore à cette époque, nombre de grandes mares où les poules d’eau zigzaguaient parmi les sagittaires aux feuilles en pointes de flèches et les hauts joncs flexibles sommés d’une gaine de fourrure brune ou noire douce à caresser de la paume. Au-delà du passage à niveau de la voie ferrée vers Bruxelles m’attirait un autre paradis : la ferme de Marcus Stallaert, peuplée de vaches, de moutons de hauts chevaux luisants et d’une foule caquetante et mêlée de pigeons, de poules, de coqs et de dindons, placée sous la garde, parfois rageuse, du dogue tirant sur la chaîne de sa niche, près du grand porche de la cour » (Louis Verniers)
Bempt signifie pré, prairie ; il s’orthographie aussi bempd ou beempt et, selon les cartes consultées, à certaines époques, ce mot était remplacé par weide, vocable plus proche de « pâturage ». A Forest, c’est le mot « bempt » qui prévaut et il désigne les prairies soumises autrefois aux effets des inondations. D’autres « bempden » existent dans d’autres communes…
Le Bempt se situe aux confins Sud-Ouest de notre Commune. Il est délimité par la chaussée de Neerstalle, la rue Max Waller, la rue de Hal, le boulevard de l’Humanité et la chaussée de Ruysbroek. En 1999, sa superficie était d'une vingtaine d’hectares. Aujourd’hui, elle s’est rétrécie comme peau de chagrin. Bruxelles-propreté a bétonné une première zone semi-naturelle avec notamment un site dunaire remarquable. VW a asphalté la partie la plus spectaculaire du parc. Adieu aux 233 plantes repérées dont notre dernière orchidée forestoise. Ajoutons à cela quelques firmes privées qui s’y sont installées … et la construction de locaux temporaires pour une école en bordure de la chaussée de Neerstalle à proximité de la demeure construite en 1890 par Hector Wenseleers avec son parc des trois fontaines. (cfr "promenades forestoises")
Dans le Bempt circulaient d’étranges légendes relatives aux Lutins. Mais connaît-on l’origine de ces crieurs, appeleurs et autres ténébrions qui poussaient des cris lamentables, geignaient à donner des frissons et mignardaient les jolies Nelke ? Que n’a-t-on raconté sur le Kabouter que l’on voyait dans chaque auberge, son bock de Gouda et sa pipe posés à la table d’hôte, près de la chaufferette ?
Attention, terrain miné ici et là par des moldus incontinents
S-v-p, replacez solidement et discrètement la cache