Les moulins de Villeneuve l'Archevêque
La plus ancienne mention de moulin figure dans le supplément à la charte de 1172 qui octroyait à Villeneuve les coutumes de Lorris.
L’archevêque Michel de Corbeil et Anseau de Trainel, qui avaient une partie de la seigneurie de Villeneuve, ayant eu quelques difficultés avec les habitants, au sujet des corvées et des droits de moulin, consultèrent encore les coutumes de Lorris et les résolurent ainsi :
« Lorsque nous voudrons faire conduire nos vins sur les charrettes des habitants, nous leur payerons les frais de transport. Aucun bourgeois ne devra moeson s’il ne tient terre de villenage, les meuniers seront tenus d'aller chercher et de ramener les grains aux habitants et de les vanner, et les revanes (criblures) appartiendront au propriétaire du grain, autrement ce dernier sera libre d'aller moudre ailleurs ».
Le moulin de Villeneuve a été construit par les habitants et l'archevêque de Sens, seigneur de Villeneuve, jouit de la Banalité ; mais les donations se poursuivent en faveur du monastère.
« A l’occasion des guerres survenues en ce royaume depuis les trespas de feu Loys d'Orléans, lesquelles ont duré l'espace de plus de quarante ans et jusqu'en l'an cinquante (1450), qui fut le temps de la réduction du pays de la Normandie, le lieu de Villeneuve l'Arcevesque et le pays d'environ fut et a esté tout détruit et abandonné, tellement qu'audit lieu et pays d'environ n'y a eu pendant bien longtemps aucuns habitants ou du moins très-peu et en petit nombre. Ce n'est qu'après l'an 1450 que ledit pays se commença petit à petit à repopuler et mettre en nature. Et durant ces guerres pour ce que les deux moulins de Villeneuve avaient été détruits, l'archevesque de Sens, ou ceulx qui pour lors estoient retraicts oudit chastel firent faire de nouvel uny molin a bief en la basse-cour d'iceluy chastel pour y aller seurement mouldre durant lesdites guerres. Et pour iceluy moulin faire mouldre et tourner, firent descendre et venir audit molin la plupart de l'ancien cours de la rivière de Vanne qui paravant venoit entre l'église paroissiale et la ville de Villeneuve l'Archevêque ».
L'abbé Antoine le Pescheur (abbé de 1456 à 1487) est obligé d'interpeller l'archevêque de Sens, Louis de Melun, à propos des moulins. Ils appartiennent à l'archevêque mais le monastère a sur ce moulin une rente payable en blé.
Gravement endommagés, l'archevêque les a reconstruits à l'intérieur de l'enceinte de Villeneuve. Prétextant que ce ne sont plus les mêmes moulins, il se refuse à payer la rente au monastère.
Le moulin est vendu à M. Miquel qui y mène de longs travaux de restauration, puis y installe sa fille en 1959.
Claudine et Gilbert Sicard montent un élevage en 1960 qui alimente des spécialités, appréciées bientôt sur la table de la pension de famille pour personnes âgées et leurs visiteurs, ouverte en mai 1966. Une licence permet ensuite d'accueillir les touristes de passage avec une cuisine familiale.
En 1967 ils prennent un chef et « l'auberge des moulins banaux » devient l'établissement renommé que l'on sait.
Les ruines du moulin d'en bas se transforment en maison d'habitation, conçue par Claudine Sicard. C'est le dernier acte de la restauration de ces vénérables moulins.