La chapelle Notre-Dame de Lorette se trouve 108-110 rue du Mans à Alençon, dans le quartier de Montsort. Discret édifice de 12 mètres sur 6, fidèlement orienté est-ouest, il est formé à l'est (côté rue) d'un hémicycle avec, au centre, un sobre chevet plat décoré d'une Vierge à l'Enfant, et sur chaque côté un portail orné de pilastres et de vases ; au nord : la sacristie. La chapelle a été construite en moellons recouverts de quartzite ferrugineux violet-rouge pour rappeler le calcaire galiléen ; sa toiture d'ardoises est surmontée d'un lanternon.
La chapelle a été fondée le 23 novembre 1699 par Louis Sevin, prêtre, ancien curé d'Ancinnes, en l'honneur de la Vierge de l'Incarnation. La fondation de la chapelle est approuvée le 19 mars 1700 et érigée en bénéfice (charge spirituelle accompagnée d'un revenu) par un décret de l'évêque du Mans ; puis, elle est bénite le 24 mars sous le vocable de Notre-Dame de Nazareth.
Après une première restauration par Jeanne de Sevin, la chapelle est bénite une seconde fois le 27 octobre 1826 par l'évêque de Sées sous le vocable consacré par l'usage de Notre-Dame de Lorette ; elle est associée à la basilique de Lorette par lettres patentes données à Rome le 1er août 1872.
Propriété de la ville d'Alençon depuis la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l'État, la chapelle a été inscrite le 24 mars 1975 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Cet édifice est construit sur le modèle de la chapelle de Lorette, en Italie, elle-même étant la réplique de la "Santa Casa", la maison de la Sainte famille à Nazareth en Palestine. Celle-ci fut, selon la tradition, transportée par les anges de Nazareth vers Lorette à la fin du XIIIe siècle. Dans cette maison, la Vierge Marie reçoit l'annonce de sa maternité divine par l'ange Gabriel et Jésus y vivra pendant trente ans.
L'intérieur reproduit en tout point celui de la "Santa Casa" et mesure 10,70 sur 4,56 mètres, reprenant la forme des maisons de Palestine de l’époque du Christ : une grande salle commune, à l’arrière le foyer où se préparait la cuisine ; la sacristie attenante représente la cave où se gardait la nourriture.
L'autel surélevé en bois est adossé à une haute cloison de bois coupant la chapelle en deux. Le devant d'autel est orné de deux très beaux panneaux en bois sculpté du XVIIe siècle : saint Jean-Baptiste avec l'Agneau à la porte du tabernacle ; en dessous : la Cène.
Une vaste baie permet d'apercevoir, par-dessus l'autel, une statue de la Vierge, datant du XVIIe siècle, en bois peint, placée sur le mur du fond ; à l'autre extrémité, un Christ polychrome, peint sur bois en trompe-l'œil, datant du XIXe siècle. De part et d'autre de l'autel, des portes donnent accès à l'arrière-chapelle où se trouve l'âtre de la cheminée.
Faisant face à l'entrée du sanctuaire, une porte donne accès à la sacristie, petit bâtiment octogonal. Dans le passage, à l'entrée du caveau, a été encastrée la pierre tombale du fondateur, décédé le 27 janvier 1712. Les successeurs de Louis Sevin y seront également inhumés.
Les derniers travaux de restauration en 1998-1999 ont permis la découverte d'une peinture sur bois représentant des anges sur la partie supérieure de la cloison séparant la chapelle.
Sur le mur Ouest, un vitrail contemporain (1950), permet de contempler des scènes de la vie de la Sainte Famille : joyeuse comme l’annonciation, lumineuse comme le travail à Nazareth, douloureuse comme la mort de St Joseph, glorieuse comme la dormition de Marie.