La métallurgie trouvait sur place tout ce dont elle avait besoin : le minerai extrait à la surface du sol. En carrières à ciel ouvert ou par petits puits peu profonds, le charbon de bois tiré des forêts, la force hydraulique des rivières et des étangs pour faire mouvoir les soufflets et marteaux des fourneaux et des forges, nombreux au voisinage ou dans un périmètre peu étendu. Le fer ainsi produit trouvait des débouchés sur place ou dans un rayon peu étendu. Les maîtres de forges approvisionnaient les maréchaux de village, les serruriers, les cloutiers, les quincailliers de la région, parfois par l'intermédiaire de négociants ou marchands de fer faisant travailler à domicile. Tel était le développement pris depuis des siècles par la clouterie de Tinchebray et ses environs (Landisacq, Chanu, Saint - Cornier - des /Landes, La Chapelle-Biche, Larchamp, Yvrandes) que la production des forges bas-normandes n'y suffisait pas ; aussi les fabricants de clous recevaient-ils encore de grosses quantités de fer des forges du Maine, particulièrement de la plus importante d'entre elles, celle de Port-Brillet. La ville de Domfront se trouvait depuis longtemps au centre de ce commerce régional ; marchands de fer et maîtres de forges s'y rencontraient régulièrement aux foires, y passaient leurs marchés, y fixaient leurs cours, y procédaient à des règlements de fonds, y avaient des magasins de dépôt. La matière première se présente sous la forme de baguettes de fer, généralement en provenance des mines de Saint Clair de Halouze. Pour façonner des clous, on utilisait du fer « en verges » appelées aussi « baguettes ». Sur les communes de Saint Cornier des Landes, Tinchebray et Chanu, en 1789, on estimait le nombre de cloutier à plus de 2000. A Saint Cornier, pendant l’époque de « l’âge d’or », chaque hameau possédait ses cloutiers.