De 1562 à 1621, les guerres de religions verront la destruction de quelques Commanderies, le Grand Prieuré de St Gilles s’installera même à Arles en 1615. (actuellement le musée Réattu occupe cette ancienne Commanderie)
Plus tard, en 1703, ce sont les Camisards qui mettent à mal les maisons de l’ordre sur l’ensemble de la région. Malgré tout l’ordre renaît de ses cendres et restaure son patrimoine ; Mais ce redressement n’est que de courte durée, 1789 verra la fin du Grand Prieuré de St Gilles avec l’aliénation des Biens Nationaux et la vente de ces domaines en 1792.
La collégiale de St Gilles fut détruite en 1796 par l’acquéreur, qui entrepreneur maçon, l’utilisera comme « carrière de matériaux ». L’ancienne Commanderie de Nîmes connaîtra le même sort, à la même époque.
Les restes de cette Commanderie, partiellement détruite à l’époque de Rohan (1621-1629), étaient situés au Sud de l’Esplanade, entre l’actuel Lycée Feuchères et la rue Briçonnet. On retrouve encore aujourd’hui, dans les sous-sols du lycée technique « Gai Logis » un puits cathédrale unique en son genre qui ne peut dater de l’établissement des sœurs de la Miséricorde en ce lieu.
IV - Les Traces du passé. Le Patrimoine aujourd’hui.
Grâce aux bornages de 1656 et 1764, grâce à Louis Seguin, géomètre de l’ordre à cette époque, grâce aux visites de Commanderies des XVIIeme et XVIIIeme siècle, grâce aux inventaires dressés autour des procès des Templiers en 1310, ou à l’aliénation des biens Nationaux en 1790, nous avons pu établir un recensement précis de ce qui reste au XXIeme siècle de ce patrimoine.
Près de 150 propriétés bâties ont pu être ainsi retrouvées entre le Gard et la Lozère. Comme nous l’avons vu, certaines maisons et Commanderies on été entièrement détruites. Les autres, vendues aux citoyens en 1792 ont subi des sorts différents, au grès des acquéreurs.
Nîmes et St Gilles n’existent plus, par contre Canavère, Capette, Sylvéréal, Caissargues ou Aubais ont été rénovés au cours des siècles avec plus ou moins de réussite. Mais d’autre encore comme Montfrin, Générac, Claire-Farine près de Beaucaire, ou Lanuéjols près de Meyrueis et le Mas-Dieu près d’Alès sont restés authentiques. Certes elles méritent restauration mais leur intérêt, c’est d’être restées en l’état, et de témoigner. Le trésor est architectural. Nos Templiers et Hospitaliers sont plus proches des Sisterciens que des Pharaons. On leur doit les fameux « arc trilosés » (répartiteurs sur les appuis, des descentes de charge) et surtout « les appareillages bosselés » tel qu’on les voit encore sur les remparts d’Aigues-Mortes (dévoiement des flèches et des jets de pierre en cas d’attaques).
Encore aujourd’hui, avec un œil avisé, on peut contempler ces joyaux d’architecture. Les bornes d’Argence de Montfrin de Caissargues ou de Clairefarine, les blasons du Musée Réattu en Arles, de Liviers, Listel, Canavère et Nages les pierres bosselées de Cavalet ou Générac et la jarre à huile d’Aigues-Mortes sont toujours là, mais pour combien de temps ?
Les hommes de la région, aussi ont marqué l’histoire. Gérard Tenque de Martigues est fondateur de l’Ordre des Hospitaliers de St Jean. Jean de Lavalette Parisot était Grand Prieur de St Gilles, puis Grand Maître de l’Ordre. La Capitale de la République actuelle de Malte porte encore le nom de Lavalette.
Et comment ne pas parler de Pierre Suffren-St Tropez, commandeur de St Christol en 1771, près de Sommières puis plus tard Vice Amiral de la flotte et Ambassadeur de l’Ordre de Malte près le Roi de France. Plus près de nous, « Lou Marqués », le Marquis Folco de Baroncelliétait descendant de Christophe de Baroncelli-Javon, Grand Prieur de St Gilles en 1699.
V - Que sont devenus ces Ordres ?
Au grand jour l’ordre du Temple n’existe plus.
Il n’en est pas de même des Chevaliers de Malte. Persécutés à la Révolution Française, ils ont trouvé refuge auprès du Tsar de Russie Paul Ier qui se proclame de fait Grand Maître de l’ordre de 1798 à 1801. Entre temps l’île de Malte était devenue Anglaise et l’ordre s’établit définitivement à Rome depuis 1831, où il possède toujours un grand Magistère.
D’ordre militaire il est devenu état Souverain et se trouve représenté par un ambassadeur dans tous les pays du monde, y compris le Vatican.
Depuis 1879 et le pape Léon XIII, le Grand Maître de l’Ordre de Malte porte le titre de Cardinal et fait partie intégrante du « Sacré Collège ».
Depuis 1988, c’est Andrew Bertie qui occupe cette haute responsabilité. Il est élu à vie, par les membres de l’ordre.
Si l’Ordre de Malte lui-même est très élitiste, il a su s’ouvrir à tous dés 1891 par la création des Œuvres Hospitalières Françaises de l’Ordre de Malte. Cette association régie par la loi de 1901 a su préserver cet esprit hospitalier d’origine par la création de dispensaires, d’hôpitaux, de laboratoires de recherches scientifiques et de collecte de médicaments. Elle a instauré la Journée Mondiale des Lépreux, le dernier dimanche de janvier, et participe à toutes sortes d’œuvres caritatives aux bénéfices des plus démunis. Elle est présente partout où on l’appelle et toute son action se résume dans cette phrase de Pasteur, « je ne te demande ni ta race, ni ta religion, mais dis-moi quelle est ta souffrance ».
Aigues Mortes
- Port d’embarquement pour les croisades de St Louis (Louis IX), Aigues Mortes est aussi un lieu de rassemblement des pèlerins de St Gilles et St Jacques. On y retrouve les Templiers et les Hospitaliers dès le XIIIe siècle.
Autour des remparts et jusqu’au port de St Gilles ces mêmes Chevaliers de Malte ont su, au cours des siècles, créer des salins, assécher les marais, créer des canaux, construire des ponts et des moulins, inventer les coopératives fermières et fonder des hôpitaux. Ils ont transformé nos terres arides des Cévennes et nos marécages du Rhône en terres fertiles et rentables. Ils ont créé notre géographie et notre région. Nous sommes leurs héritiers.