L'ABCDaire des lavoirs du 70
L’histoire des lavoirs remonte déjà à plusieurs siècles. Deux raisons expliquent les nombreuses constructions de ces petits édifices au XIXe siècle et au début du XXe : la première est l’arrivée de la notion d’hygiène qui est alors croissante au XVIIIe siècle ; puis, avec le projet de loi voté en 1851 par l’Assemblée nationale pour encourager la création de lavoirs et de bains publics, des subventions sont apportées en aide aux communes.
En plus d’être un lieu de commodité, ils sont aussi un vecteur de sociabilité chez les femmes. La taille de ces édifices varie selon les communes dans lesquelles ils sont établis ; ils peuvent également être classés sous plusieurs types. Directement placés au bord d’un cours d’eau, ou alimentés grâce à une pompe, le bassin placé à même le sol, ou relevé de plusieurs dizaines de centimètres, la typologie des lavoirs est vaste et dépend des moyens financiers, du terrain ou encore du cours d’eau.
Le département de la Haute-Saône compte environ 2500 fontaines et lavoirs. L'objectif de cet abécédaire n'est pas de tous vous les faire découvrir, mais de vous proposer un panel des différents types que l'on peut rencontrer dans ce département.
Y comme GY
Le lavoir dodécagonal de Gy
C'est un lavoir en béton de ciment et ciment armé situé sur la commune de Gy, à l'extérieur du village, sur la place Génin. Le lavoir occupe la place d'un ancien étang asséché, ce qui a posé des problèmes de stabilité du sol.
Il vient d'être inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques.
Construit en 1898 pour pallier le manque d'eau et de débit de la Grande fontaine et du lavoir de la place des Ecuries, édifiés par Delacroix, il a nécessité le captage d'une source éloignée par la pise en place de canalisations de fonte, encore présentes, de réservoirs et de béliers hydrauliques pour franchir les obstacles.
Les travaux ont coûté 100 000 francs à la commune.
Le projet attribue une case par laveuse ; il est prévu pour quarante personnes.
Ce lavoir est dodécagonal, constitué de douze pans de toiture en tronc de pyramide renversée.
La galerie intérieure est annulaire couverte par une dalle portée par douze colonnes.
Encerclée par la galerie, la cour intérieure est centrée par le bassin d'arrivée de l'eau.
La redistribution de l'eau, à partir de ce bassin central, se fait individuellement, pour chaque bac, par travées. De même, l'évacuation se fait de façon individuelle vers une rigole grillagée, témoignant de l'évolution des notions d'hygiène.
Le mur extérieur est plein pour protéger les laveuses; il est fait de béton projeté et couronné d'une corniche en ciment lisse.
Deux portes situées, l'une à l'est et l'autre au sud, couvertes d'un arc à refend en plein cintre, s'ouvrent sur les rues menant au bourg.
Le plan évoque une maison romaine en "atrium" avec une galerie de circulation couverte, ouverte sur un jardin intérieur, centré par une pièce d'eau.
Ce lavoir, de construction tardive dans le siècle, occupe une place à part dans la typologie des lavoirs de Haute-Saône ; il n'y a pas de puisoir ; il est uniquement destiné à la lessive.
L'architecte Sauterey a construit le même type de lavoir à Port-Lesney dans le Doubs, de forme oblongue.
C'est la première construction de ce type en Haute-Saône qui marque la préfabrication naissante et annonce l'industrialisation à venir du département.
Articulation entre l'architecture néoclassique et l'architecture moderne, le lavoir dodécagonal de Gy s'érige en conclusion de la construction des lavoirs publics du XIXe siècle en Haute-Saône ...
L'accès à l'intérieur est interdit, voici une photo à quoi cela ressemble. On aperçoit bien les bacs individuels.