Observez sur ce site un bombement circulaire d’une dizaine de mètres de diamètre. Il s’agit d’une ancienne charbonnière ou « aire de faulde » où était produit du charbon de bois jusqu’il y a environ 200 ans, par la technique de la meule forestière (voir la galerie photos). Le bois était empilé en meule que l’on couvrait de feuilles et végétations diverses puis d’une couche de terre. La meule était alors mise à feu par une cheminée centrale. Le feu couvait ainsi dans une atmosphère pauvre en oxygène (processus appelé « pyrolyse ») durant plusieurs jours sous la surveillance, jour et nuit, de charbonniers. Une fois la cuisson terminée et après refroidissement de la meule, la couverture de terre était retirée et le charbon de bois récolté avec des râteaux. Il restait ainsi sur place un mélange de terre et de fragments et poussière de charbon de bois, le frasil. Celui-ci était réutilisé pour la couverture des meules qui se succédaient dans le temps au même endroit. C’est ainsi que l’on observe actuellement sur ce site une couche (un « horizon ») superficielle noirâtre d’une quarantaine de centimètres au centre de l’aire de faulde. On y reconnaît encore des fragments de charbon de bois.
En bordure de l’aire de faulde, une fosse pédologique (pédologie = science du sol) a été creusée à des fins didactiques pour les étudiants des facultés et hautes écoles dans le cadre de leurs cours de sciences du sol, environnement… La coupe verticale (le « profil ») montre un matériau dit « limoneux » ou « silteux » accumulé dans cette région par transport nivéo-éolien (neige et vent) il y a environ 20.000 ans durant la dernière glaciation. Ce matériau est connu pour être une bonne terre à brique. Traditionnellement, les briques façonnées dans des moules étaient empilées en meules avec intercalation de matière combustible (paille…) et de fragments de charbon de bois. Le feu se propageait progressivement dans la meule et assurait la cuisson des briques.
En Wallonie, sous le sillon Sambre-Meuse, le charbon de bois était essentiellement utilisé pour la fusion du minerai de fer et l’affinage de la fonte, jusque vers 1830. Ainsi on estime qu’environ 75% de la forêt wallonne était nécessaire pour couvrir les besoins en combustible de la sidérurgie préindustrielle en fin de 18e siècle. La présence d’aires de faulde est donc généralisée dans nos forêts, leur nombre est estimé à près d’un demi-million.
Pour en savoir plus : 2 articles publiés dans la revue FORET-NATURE n°135 de juin 2015, par B.Hardy et J.Dufey. 1) La forêt wallonne, composante vitale de la sidérurgie préindustrielle (p.10-18) ; 2) Les aires de faulde en forêt wallonne : repérage, morphologie et distribution spatiale (p.20-30).
SITE DE GRAND INTERET SCIENTIFIQUE ET HISTORIQUE. Merci de ne pas perturber la fosse pédologique et la tranchée à travers la charbonnière.