SAT # 1 ARITHMETIQUE – Les tribulations de Luc le Veinard
Quelques miles avant mon arrivée à Tombstone, mon cheval a commencé à boiter. La pauvre bête perdait un fer, déjà à moitié décloué… J’ai mis pied à terre pour le retirer et j’ai mené « Joli Sauteur » par la bride jusqu’au saloon. Renseignements pris, après m’être dépoussiéré le gosier avec deux infâmes whiskies , je suis allé voir Manuel Buscavidas, le maréchal-ferrant mexicain de ce pueblo.... Il a regardé mon canasson et m’a dit :
- « Pas de problème, Luc … si tu peux payer… »
Je lui montrai quelques billets verts : il me restait encore 300 dollars de la capture des deux frères Walton, qui remontait déjà à six mois. Comme je lui demandai de changer les quatre fers de Joli Sauteur, il m’a dit :
- « Okay, vu d’ici, il faudra trente-deux clous : voilà ce que je te propose : si tu me payes un cent le premier clou, deux cents le second, quatre cents pour le troisième et ainsi de suite, je te fais cadeau des fers, d’accord ?… Tu topes là ??»
Je topai…
- « Luc, t’es un sacré veinard ! qu'il dit alors... Tu peux aller dormir, ton bourrin sera prêt demain matin…».
Tout heureux de faire une bonne affaire, je suis retourné au saloon pour voir le spectacle des danseuses légères, m’envoyer encore quelques rasades derrière le colback et prendre un bain à l’hôtel. Le soir, après une assiette de bœuf aux haricots rouges, j’ai nettoyé mes colts, graissé mes bottes, puis j’ai dormi comme un bébé… Le lendemain matin je traînai un peu au lit et je me mis à compter mentalement, pour savoir grosso modo à combien cette patente allait me revenir. J’ai commencé à tiquer au treizième clou… Si je comptais bien, au final il me manquerait un sacré paquet ! Et là, j’ai eu la nette impression de m’être fait avoir… Je me suis levé d’un bond, j’ai sauté dans mon jean et couru comme un pronghorn pour arriver avant qu’il ne soit trop tard….
Le forgeron avait terminé de poser le premier fer. Quand je lui ai dit qu’il fallait qu’on parle, il m’a regardé par en-dessous, avec un sourire narquois que je n’ai pas du tout aimé… En fin de compte on s’est arrangé mais ce chacal à foie jaune a été intraitable. « Joli Sauteur » a été obligé de se contenter de quatre clous par fer !! J’ai pu payer cash le quinzième clou… Pour le seizième, le sheriff Roy Rogers a dû se porter garant pour moi… Vous voyez le tableau !!!
Mais grâce à lui j’ai pu repartir pour Tucson où je comptais capturer Willy "Safecracker" , un autre dangereux outlaw qui sévissait dans la région…
Venez donc m’y retrouver, vous qui comptez mieux que moi !!!
