L'histoire de la construction de l'église Saint-Martin
Tout commence en 1858. L'évêque Mgr Brossais Saint-Marc lance l'idée de construire une église à Betton. La commune n'en a alors pas. C'est la chapelle du prieuré qui fait office d'église paroissiale. L'archevêque souhaite une grande église de style gothique. Mais la préfecture refuse net ce projet jugé trop ambitieux et surtout beaucoup trop cher. Le conseil de fabrique (1) n'abandonne pas pour autant l'idée et développe plusieurs projets.
(1) La fabrique, au sein d'une communauté paroissiale catholique, désigne des décideurs (clerc et laïcs) nommés pour assurer la collecte et l'administration des fonds nécessaires à la construction et à l'entretien des édifices et du mobilier religieux
Une église, oui, mais où ?
Le premier projet prévoit de faire construire l'église au champ du verger (actuellement la rue Abbé-Bernard), devant le presbytère. Le deuxième à l'emplacement actuel du cinéma le Triskel. Le troisième en lieu et place du cimetière d'alors, jugé de toute façon trop petit. Le conseil de fabrique opte pour cette troisième solution.
Le cimetière transféré
Au départ, la commune veut transférer le cimetière au-delà du Placis Carrel, sur la route de Melesse, pour qu'il ne soit pas un obstacle à l'agrandissement du bourg. Le conseil de fabrique n'est pas du même avis. Il souhaite que le cimetière soit plus près du bourg. Il décide donc d'acquérir une pièce de terre à environ 200 m de la future église et à 50 m des habitations. Mais les discussions entre le conseil municipal, le conseil de fabrique et le propriétaire du terrain vont durer des années. Finalement, il faudra attendre le 1er novembre 1866 pour que le nouveau cimetière soit béni.
Arrive un curé bâtisseur
Le 1er janvier 1860, l'abbé Gavard est nommé recteur de Betton. La commune est alors considérée comme une grosse paroisse rurale, de tradition chrétienne. Bâtisseur dans l'âme, l'abbé arrive convaincu qu'une église va bientôt sortir de terre. Mais il est très vite confronté à un enchevêtrement administratif quasi inextricable. De 1860 à 1862, conseil municipal, préfecture, archevêché, gouvernement et même Conseil d'État se rejettent, les uns aux autres, une foule de lois antérieures, créant un véritable imbroglio juridique.
L'élément déclencheur
Le 4 janvier 1867, l'abbé Paul Hubert succède à l'abbé Gavard, nommé curé de Saint-Martin de Vitré. Le nouveau recteur passe alors deux années à connaître sa paroisse, à visiter ses paroissiens et à les sonder sur « la question de l'église ». Le 1er janvier 1869, il annonce discrètement que la construction de l'église ne devrait plus tarder. L'emplacement prévu est le même que celui décidé huit ans plus tôt : à l'ancien cimetière. Cela fait d'ailleurs vingt-huit mois qu'on n'y enterre plus.
Les travaux sont lancés
Les travaux commencent le 21 juin 1869. Les matériaux comme la pierre sont acheminés par le canal et déposés à la gare. Bon nombre de familles offrent alors leurs services pour assurer leur charroi jusqu'au tertre où va pousser la nouvelle église. Dès lors, les travaux vont bon train. Le bois et la charpente sont fournis en grande partie par les paroissiens. Ce sont les prêtres, originaires de la paroisse, qui payent les vitraux de la nef.
Malgré tout, les finances du conseil de fabrique s'amenuisent peu à peu. La guerre de 1870 terminée, le recteur doit reprendre son bâton de pèlerin et rend visite aux propriétaires les plus imposés. Le conseil municipal, de son côté, vote une subvention de 12 000 francs.
En 1874, tout le gros oeuvre, ainsi que les voûtes, les vitraux et le dallage sont réalisés. L'église est d'ailleurs bénite le 14 octobre de cette même année.
En 1878, on frôle la catastrophe
Le 4 juin 1878, à la suite d'un hiver pluvieux, une vaste crevasse voit le jour sur la colline où a été construite l'église, entraînant un éboulement de 150 m3 sur la route en contrebas. Les fondations de l'église sont rapidement étançonnées. Un mur de soutènement, supprimé des plans initiaux par le conseil municipal dix ans plus tôt, est alors réalisé. Ce mur, achevé le 15 mars 1880, donne désormais à l'église cette allure de forteresse, dressée sur son tertre, que nous lui connaissons aujourd'hui.
Épilogue
En 1882, les travaux d'aménagement de l'église se terminent peu à peu. L'abbé Hubert fait poser la sacristie ainsi que les boiseries ouvragées de chêne qui servent de meubles pour ce qui concerne le culte.
Source : Contribution à l'histoire de Betton, de Francis Orhant