Grotte du peuplement
Le premier document indiquant l’emplacement de l’actuelle Grotte des Premiers Français est le plan dessiné par le major Etienne de Champion vers 1718. Cette grotte y figure sous la dénomination de Grande Caverne. Il en existe une autre, située plus au sud et alors dénommé Petite Caverne.
En 1801, selon le naturaliste Bory de Saint-Vincent qui les a visitées cette année-là, la première des deux grottes avait été aménagée en étable et la seconde servait de « lieu de sépulture pour les Malabares ». Mais le terme utilisé pour les désigner était toujours celui de caverne.
L’appellation Grotte des Premiers Français date de 1965. Elle a remplacé le nom que le site avait reçu en 1950 : Grotte de Notre-Dame de Lourdes. Cette année-là, l’Eglise y installe une statue de la Vierge Marie et en fait un lieu de prière et de pèlerinage. C’est également à cette époque que dans la nouvelle dénomination apparait le terme de grotte, en remplacement du mot caverne utilisé jusqu’à-là.
L’appellation Grotte des premiers Français ne se limite pas à la seule grande cavité rocheuse du lieu. Elle s’applique à tout l’espace environnant qui s’étend, en face, jusqu’au Cimetière Marin et, au sud, jusqu’au cap Marianne.
A ce jour, on n’a retrouvé aucun document historique indiquant que les deux migrants français de 1663 auraient logé dans des grottes de la baie de Saint-Paul. En revanche, il existe des textes anciens qui attestent qu’ils vivaient à l’extérieur, dans une case bâtie à proximité d’une cascade.Dans son « Histoire des Indes Orientales » qu’il publie à Paris en 1668, Urbain Souchu de Rennefort écrit en effet, à propos de Bourbon :
« Il y avait deux Français en cette île […] Leur case était bâtie près de la chute d’une fontaine qui tombait en nappe d’eau, du milieu d’un grand rocher, entourée de tabac, de racines et d’herbes potagères, dont ils avaient porté des graines. Ils tenaient dans un enclos quantité de cochons et de cabris pour leur consommation et pour les vendre aux étrangers ».
En 1663, ce qui a attiré et retenu les deux Français en ce lieu c’est donc sa richesse en eau, symbolisée notamment par la cascade, et non pas la proximité d’une caverne dont d’ailleurs aucun des écrits du XVIIe siècle ne mentionne la présence.Cette cascade est en effet de la circulation souterraine des eaux de pluies tombées en altitudes. Jusqu’au début des années 2000 elle coulait abondamment en toutes saisons et était visible de loin. Aujourd’hui sans doute du fait de divers travaux effectués au-dessus de la falaise, son débit a considérablement diminué.
