En 1636, Dole, capitale de la province, fut assiégée par une armée du roi de France commandée par le prince de Condé. En investissant la place, les Français établirent deux communications sur le Doubs, l’une en amont et l’autre en aval de Dole. Ces ponts de bois, construits à l’aide de matériaux de fortune, permettaient le passage de l’artillerie. Grâce, entre autres, à la résistance doloise, les Français levèrent le siège, se retirant en hâte vers le duché de Bourgogne. Lors du retrait, ils auraient abandonné leurs pièces d’artillerie et notamment leur plus beau canon, la Louise.
L’affaire de la morte aux canons réapparaît, treize ans plus tard, en 1649. Un habitant, Claude Chalumeau, témoin du siège, ne doutait pas de la présence du canon au fond de la morte*. Il projeta de le repêcher. Le lieu fut sondé avec une perche ferrée à l’endroit indiqué. Un plongeur, Thiébauld Rondet de Pleure, fut appelé pour confirmer la présence d’une pièce d’artillerie. Il plongea à trois reprises et affirma voir une pièce de canon. Il ne restait plus qu’à vider la morte. Or, il fallait l’accord du Conseil de la ville et celui-ci éluda la question.
En 1651, l’affaire se présenta à nouveau : « Le sieur maïeur a fait entendre (…) y avoir un particulier qui vouloit entreprendre de vuider la morte (…) où le bruit est y avoir des canons enfoncés par lennemy françois ». Mais les archives de Dole restent muettes sur les suites des opérations.
Il fallut attendre le début du XXe siècle pour que le sujet resurgisse. A cette date, M. Bluzet, au cours d’une séance de pêche au filet, remonta un boulet parfaitement sphérique. Etait-ce l’objet métallique vu par le plongeur Rondet ?
Y a-t-il eu réellement des canons dans la morte aux canons ? Toujours est-il qu’en 1807, la municipalité décida de baptiser la 29ème section du cadastre Amoudru « la morte aux canons »
(* une morte est l’endroit d’une rivière qui n’est plus traversé par le passage de l’eau)