Après une première liste intitulée "Mémoire des Hommes - Montluc" consacrée aux massacres de prisonniers de la prison Montluc à Lyon en 1944, je vous propose une nouvelle liste intitulée "Mémoire des Hommes" pour se souvenir de tous ceux (résistants ou victimes civiles) qui ont donné leur vie pour notre liberté dans la région lyonnaise pendant la 2ième guerre mondiale.
Peu de burgiens connaissent la tuerie de 1944. Ce “juillet noir” où l’on dénombre une trentaine d’exécutions sommaires commises entre le 10 et le 25 à BOURG-EN-BRESSE.
Début de juillet 1944, une vaste opération de répression se met en place à Bourg-en-Bresse (Ain), considérée comme le point de départ de l'opération “Treffenfeld“ qui a pour objectif pour les Allemands de reprendre le contrôle des Maquis de l’Ain et du Haut-Jura. Ce type de rafle massive sur les arrières couplée à une opération militaire d'envergure est un mode opératoire assez courant. Le 10 juillet, la Sipo-SD (la police de sûreté) de la Gestapo de Lyon sous les ordres de Klaus BARBIE, aidée par la Milice et des hommes de troupe, arrêtent dès l'aube 1 280 hommes de 17 à 45 ans dans les rues de Bourg-en-Bresse. Il n'a pas d'autres objectif que d'organiser la déportation de tous les résistants présumés. Trois points de rassemblement sont organisés : l'hôpital, le Cours de Verdun et la cour de la Préfecture.
Après vérification des papiers d'identité, les raflés sont répartis en deux groupes : suspects et non-suspects. Ces derniers sont libérés Cours de Verdun vers 15h, à la faveur d'un violent orage. Pendant ce temps, deux hommes sont froidement abattus par Barbie dans la cour de la Préfecture.
SIMON, responsable de la Milice qui n'apprécie pas les interventions allemandes dans les affaires de police intérieure, alerte le Préfet et intervient auprès d'un général allemand. Le 13 juillet, l'opération de rassemblement et de transit des raflés est stoppée. Klaus BARBIE est dessaisi mais continuera de traquer des hommes dans Bourg et ses environs. Il fait exécuter 25 hommes, parmi lesquels 12 juifs dont les cadavres. Les représentants de l’armée allemande et la Milice étudient au cas par cas la situation des raflés. Le 16 juillet, 30 personnes restent en état de détention.
Au total, le bilan de l'opération sera de 25 assassinats et 9 personnes déportées.
Cette stèle implantée en 1946 rend un hommage indifférenciés aux résistants morts en combattant l’occupant nazi et aux victimes juives assassinées par les nazis.
Arrêtés à BOURG-EN-BRESSE (Ain) lors de la rafle du 10 juillet 1944, sept civils ont été fusillés par la police allemande le 14 juillet 1944 à onze heures à MARLIEUX (Ain) sur le chemin rural n° 1 dit de Curtelet, à 50 mètres de la RN 83.
Liste des victimes :
+ Marcel MEYER est né le 27 mars 1904 à SEPPOIS-LE-BAS (Haut-Rhin). Il se marie en mars 1935 à COLMAR avec Lucie GEISMAR. Il était israélite et exerçait le métier de marchand de bestiaux. Il s’installa à HERICOURT avant la guerre et est mobilisé en 1939 du côté de la frontière belge. Démobilisé, il retourne probablement à HERICOURT d’où ses parents sont déportés pour Auschwitz en août 1943. Il se réfugie alors avec son épouse et ses enfants à BOURG (Ain) où ils sont domiciliés Cours de Verdun, à l’annexe de l’hôtel de l’Europe.
Il est arrêté et sera fusillé par la police allemande à cause de ses origines juives.
Il obtint la mention "Mort pour la France" par avis du Secrétariat Général des Anciens combattants le 12 octobre 1945.
+ Henri PERNAUDET est né le 4 janvier 1914 à ANDELOT-Lès-SAINT AMOUR (Jura) où il est cultivateur. On ne connait pas la raison de sa présence à BOURG-EN-BRESSE.
+ Arthur PAUCOD est né le 22 juillet 1901 à ANDELOT-Lès-SAINT AMOUR (Jura) où il est cultivateur. La raison de sa présence à BOURG-EN-BRESSE n'est pas connue.
+ Joseph WEIL est né le 31 janvier 1900 à MULHOUSE (Haut-Rhin). Il est le fils de Lucien WEIL et de Caroline STRAUSS et est le frère de Jean Samuel WEIL, fusillé avec lui. Il est ingénieur et a été domicilié à plusieurs reprises à ROUBAIX (Nord).
Probablement réfugié à BOURG, il est arrêté et sera fusillé par la police allemande à cause de ses origines juives. Il obtint la mention "Mort pour la France"» sur avis du Service de l’État civil de Paris le 12 juin 1946, portée sur l’acte de décès.
+ Joseph UNTERBERGER est né le 19 décembre 1904 à BUDAPEST (Hongrie). Il est marié avec Marie GALLIET, couturière. Domicilié 22, rue du 23e régiment d’infanterie à Bourg (Ain), il exerce le métier de tailleur.
Il est arrêté avec son frère Maurice à Bourg lors de la rafle du 10 juillet 1944 et sera fusillé par la police allemande à cause de ses origines juives.
+ Maurice UNTERBERGER est né le 25 avril 1903 à BUDAPEST (Hongrie). Juif hongrois, il se réfugie en France dans les années 30 avec sa femme Cécile FELDHAENDLER. Domicilié 22, rue du 23e régiment d’infanterie à Bourg (Ain), il exerce le métier de tailleur.
Il est arrêté à Bourg avec son frère Joseph lors de la rafle du 10 juillet 1944 et sera fusillé par la police allemande à cause de ses origines juives.
+ Jean Samuel WEIL est né le 6 décembre 1894 à MULHOUSE (Haut-Rhin). Il est le fils de Lucien WEIL et de Caroline STRAUSS et est le frère de Joseph WEIL, fusillé avec lui. Il est ingénieur et a été domicilié à plusieurs reprises à ROUBAIX (Nord).
Probablement réfugié à BOURG, il est arrêté et sera fusillé par la police allemande à cause de ses origines juives. Il a obtenu la mention "Mort pour la France" sur avis du Service de l’État civil de Paris le 12 juin 1946.
Cette stèle rend également un hommage à Jean ADAM résistant FFI assassiné par les nazis le 20 juillet 1944.
+ Jean ADAM est né le 26 juin 1926 à CERNON (Jura). Célibataire, il est étudiant et habite à CHAVANNES-SUR-SURAN (Ain).
Il entre dans la Résistance en juin 1944 dans les Maquis de l’Ain et du Haut-Jura, à la compagnie des Francs-tireurs et partisans (FTP) Danton.
Il est capturé par les Allemands au cours d’un engagement dans la région de CORVEISSIAT (Ain) et incarcéré à la prison de Bourg-en-Bresse le 17 juillet 1944. Il est abattu de quatre balles de revolver le 20 juillet 1944, à Marlieux sur le bord de la RN 83.
Il a obtenu la mention "Mort pour la France" portée sur son acte de décès et a été décoré de la "Croix de guerre 1939-1945" à titre posthume. Il est homologué comme soldat des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).