
#3
On m’a dit vas-y voir c’te ville et ses eaux qui courent en Y. Toi qu’es tant dans l’extase de l’eau qui s’balade, si t’es en vaine, tu croiseras p’t’être ses naïades.
Alors c’est ça que j’fais tout le jour, je marche contre son cours et je coule des regards, au cas où.
Mais bigre! Ces donzelles donnent dans l’farouche et l’mystère.
Après un temps, j’suis passé à l’Est pour arpenter un nouveau rivage. Le vent était ouf, tant mieux. Ça faisait du gros foin par-dessus l’affreux chahut des autochtones. Sur l’eau un bon clapot tapait contre les coches vautrées au bord du quai. Ça balançait un crincrin d’accordage sans chaise.
J’avise un banc, je m’momifie devant ma’mzelle la lune qui crâne dans les hauteurs.
J’fais pas ma vedette, je m’fond dans le décor. J’veux qu’on m’oublie pour pouvoir gamberger à mon aise. C’est tout.
Arghhh! J’ai pas compris d’où ce nouveau corniaud sortait. Y sentait pas l’oeillet avec sa gueule de blobfish. Le pire s’est quand il a ouvert son claque merde:
T’es qui toâ sur mon pajot? C’est qui qui t’a invité? Casses-toi l’bouffon avec ta tête de sycophante!
J’suis pas dans les embrouilles. In petto je mets la distance entre l’zig branquignole et mézigue.
Sont un peu drôles les gens du cru. Mais bon, je pense que je vais zoner encore un peu par ici.
Arghhh c'est beau c'te ville quand même.