Le nom de la Sauvetat évoque un village d’origine relativement récente et de statut privilégié(lieu d'asile pour les criminels d'ou son nom : DOMUS de SALVITATI; maison de refuge), qui n’est pas sans rappeler les bastides du Sud-Ouest de la France. La fondation de ce village, dans le cadre de la mise en valeur de la cuvette mi-lacustre, mi-marécageuse de la Narce et à proximité de la grande route nord-sud, a eu pour résultat de dédoubler et de concurrencer les centres de peuplement plus anciens de la paroisse d’Authezat, c’est-à-dire le château et le village de Châlus-les-Bussières ainsi que le chef-lieu paroissial.
Tout donne à penser que la création de la ville neuve, avant 1293, doit être attribuée à Alphonse de Poitiers et que l’initiative fut favorisée par les comtes dauphins, seigneurs du village voisin de Plauzat. Le succès en fut assuré par l’installation d’une commanderie d’Hospitaliers :
celle-ci prit toute son importance dans la première moitié du XIVe siècle, en particulier sous le gouvernement d’Odon de Montaigut, qui acquit, en 1324-1329, l’essentiel des droits seigneuriaux sur le nouveau village et y entreprit d’importants travaux, le chef-lieu de la paroisse restant à Authezat. Au XVe siècle, une série de transactions définit les droits respectifs des anciens
seigneurs de Châlus/Authezat et des Hospitaliers de la Sauvetat et consolidèrent la position de ces derniers dans la paroisse. Les Hospitaliers prirent alors en mains l’organisation de la défense collective et construisirent, avant 1465, aux abords de la commanderie, un fort, qui était
ouvert aux habitants de la Sauvetat et qui a profondément marqué le plan et la topographie du village.
Le village de la Sauvetat est construit sur des rues parallèles et équidistantes, de direction nord-sud, par conséquent sur une trame orthogonale, qui suppose une organisation délibérée de l’espace et un lotissement du sol. Dans ce tissu régulier est incrusté un quartier, de plan polygonal irrégulier, isolé du reste du village par des rues périphériques (sur d’anciens fossés)
et réunissant, à l’intérieur d’un rempart flanqué de tours, les bâtiments de l’ancienne
commanderie et d’un fort villageois.
La commanderie proprement dite dessinait un quadrilatère organisé d’abord autour d’un donjon carré, d’une chapelle et d’une basse-cour :
cet ensemble fut complété par un gros donjon circulaire qui domine encore le village.
Le fort était composé de rangées de « loges » régulières et jointives, disposées en auréoles et réparties sur les rues intérieures périphériques, en partie adossées à la face interne du rempart. La mention d’un « mur vieux » et le plan donnent à penser que l’aménagement du fort s’est fait en deux étapes par déplacement du rempart et adjonction de nouvelles rangées de « loges ».
Au XVIIe-XVIIIe siècles, une grande partie du fort, décrit dans plusieurs terriers successifs, était à l’abandon.
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